UNE FATWA CONTRE LES MASSACRES EN ALGERIE
par Latifa Ben Mansour
COMBIEN de centaines de milliers d'Algériennes et d'Algériens doivent-ils périr au nom d'une idée perverse de l'islam pour que les docteurs de la loi d'Al Azhar, les muftis des mosquées de La Mecque et de Médine s'émeuvent et émettent une fatwa condamnant fermement les massacres qui ont lieu en Algérie ? Leur silence, alors qu'ils sont si prompts à approuver une fatwa lancée contre un écrivain britannique qui n'a tué ni égorgé personne, ou contre des écrivains, des cinéastes, des metteurs en scène, me laisse comme Algérienne, comme femme, comme mère, comme citoyenne des droits de l'homme, appartenant à la civilisation musulmane et la défendant, perplexe. Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 avril, une trentaine de personnes ont été égorgées dans un petit village près de Blida. Parmi les victimes, seize femmes, deux fillettes, trois adolescents, un vieillard de soixante-quinze ans et dix hommes. Trois femmes enceintes ont été éventrées, les cordons ombilicaux sectionnés et les foetus extraits et piétinés.
Cette horreur est commise au nom de l'islam. J'appelle les docteurs de la loi d'Al Azhar et les muftis de La Mecque et de Médine à réagir fermement et à dénoncer publiquement les abominations qui se déroulent en Algérie, je les appelle à prendre leurs responsabilités devant Dieu, le prophète Mohammad et le message coranique et à dire de quoi sont coupables ces femmes enceintes éventrées, ces enfants et ces vieillards égorgés. je les appelle à faire respecter ce qui est le fondement même de la parole du Prophète de l'islam - Pois choses de votre monde, parmi tout ce qu'il contient de triple, me furent rendues
dignes d'amour, à savoir les femmes, les parfums et la prière, qui procure la consolation à mes yeux J'attends de ces mêmes docteurs de la loi et des muftis qu'ils émettent une fatwa déclarant comme hérétiques à la parole prophétique ceux qui pervertissent et instrumentalisent le message de l'aimé de Dieu. Qu'ils déclarent publiquement que ceux qui se servent et s'autorisent du message coranique pour assassiner sauvagement les citoyens algériens n'appartiennent pas à la communauté des musulmans, communauté en majorité tolérante, travailleuse, paisible, généreuse, fraternelle et raisonnable. Que ces docteurs de la loi et ces muftis formulent donc cette fatwa et déclarent fermement à la face du monde entier que ceux qui, au nom de l'islam, égorgent, éventrent, mutilent, décapitent, violent, dépècent des citoyens algériens aux mains nues, sont en train de souiller et de déshonorer l'islam et ses représentants, y compris les grandes références morales, les docteurs de la loi d'Al Azhar, et les grands muftis des
Minbars de La Mecque et de Médine.