Par Jacques-Michel TONDRE

PEKIN, 16 mai (AFP) - La deuxi me journ e du pr sident Jacques Chirac ß P kin a t largement domin e vendredi par la question des droits de l'homme, mentionn e pour la premi re fois dans une d claration politique conjointe, alors que l' conomie avait occult jeudi les autres dossiers.

Au cours d'une conf rence de presse, le chef d'Etat fran ais a r v l que son ministre des Affaires trang res Herv de Charette avait demand ß son homologue chinois Qian Qichen la lib ration des figures de proue de la dissidence chinoise Wei Jingsheng et Wang Dan.

M. de Charette a pr cis par la suite avoir remis ß M. Qian une liste de 17 d tenus, parmi lesquels Wei, 47 ans, le plus c l bre des dissidents chinois, et Wang, 27 ans, chef de file des etudiants de la place Tiananmen, au printemps de 1989, ainsi que des Tib tains.

L' v nement politique de la journ e a t la signature par Jacques Chirac avec le pr sident chinois Jiang Zemin d'une "d claration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global" qui, "tout en tenant pleinement compte des particularit s de chacun", reconna t "l'universalit des droits de l'homme".

M. Chirac qui a t accus de brader les droits de l'homme en Chine pour y vendre des Airbus, un argument qui a rebondi dans la campagne lectorale en cours en France, s'est livr au cours de sa conf rence de presse ß une longue explication de la position fran aise en la mati re.

"Il y a aujourd'hui dans l' tat actuel de nos soci t s ceux qui consid rent qu'il y a une conception universelle des droits de l'homme et d'autres qui le contestent. J'appartiens ß la premi re cat gorie, et depuis longtemps", a-t-il dit.

"S'agissant de la Chine, a-t-il ajout , il y avait deux strat gies possibles, une strat gie de confrontation - chacun sait qu'elle est vou e ß l' chec - et une strat gie de dialogue. C'est celle ß laquelle je crois."

"Je constate qu'elle a permis d'accomplir en peu de temps des progr s non n gligeables", a-t-il poursuivi, citant les deux pactes des Nations unies sur les droits de l'homme que la Chine s'appr te ß ratifier.

"Par rapport ß ce qui est la culture et la tradition de la Chine, c'est une d cision historique et consid rable", a-t-il comment en soulignant que cela s' tait fait "pr cis ment au moment o· l'on a d cid de substituer une strat gie de dialogue ß une strat gie de confrontation."

Selon Jacques Chirac, la d claration franco-chinoise de vendredi, qui marque d'autre part l'opposition des deux pays "ß toute tentative de domination dans les affaires internationales", "est le texte le plus important qui ait t sign entre la France et la Chine depuis 1964", date de la reconnaissance officielle de la Chine communiste par le g n ral de Gaulle.

Dans une interview ß la t l vision fran aise, le pr sident Jiang a lui-m me qualifi cette d claration de "document historique", soulignant qu'elle constituerait "une base solide pour tablir un partenariat global, non seulement dans l'int r t des deux pays mais aussi dans celui de la paix, de la stabilit et de la s curit dans le monde".

Elle a t sign e ß l'issue de trois bonnes heures de conversations entre les deux chefs d'Etat, deux heures jeudi et une heure vendredi, marqu es par une grande cordialit .

Au cours d'un entretien plus restreint, Jacques Chirac a pris aupr s de M. Jiang la d fense des chr tiens de Chine et pr n le dialogue avec le Dala Lama sur la question du Tibet, a-t-on indiqu de source fran aise.

M. Chirac doit s'envoler samedi pour Shangha o· il inaugurera la plus grande exposition technologique jamais organis e par la France ß l' tranger.

Le d but de la visite de M. Chirac en Chine a t marqu jeudi par la signature de contrats pour plus de 1,5 milliards de dollars, ce qui repr sente selon lui 4.000 emplois en France sur trois ans.