Strasbourg, mercredi 17 septembre 1997
DECLARATION D'OLIVIER DUPUIS AU NOM DU GROUPE ARE SUR L'ALGERIE
Dupuis (ARE):
"Madame le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Commissaire, je suis stupéfait par les discours que nous avons entendus ce matin. On nous parle de dialogue. L'ami Cohn-Bendit vient ancore de nous rappeler les vertus du dialogue, alors que depuis trois ans, en Algérie, se sont multipliées les occasions de dialogue, alors que la population algérienne a pu participer de façon directe à l'élection de ses candidats, à l'élection de son président de la République. On nous parle de dialogue entre qui et qui? Entre ceux qui, comme l'a rappelé le collègue communiste, ont encore prouvé ces jours derniers qu'ils avaient la possibilité d'arrêter les massacres. C'est absolument absurde. Au sujet de l'ingérence en Algérie, pourquoi, aujourd'hui, les autorités algériennes refusent-elles l'ingérence? Elles refusent l'ingérence parce qu'on propose de mettre sur le même pied le gouvernement algérien et les terroristes. Le problème de l'Union européenne, c'est de soutenir le gouvernement algérien et c'est s
eulement à cette condition que nous pourrons investir dans les réformes économiques, politiques, investir pour que le système de la justice puisse enfin fonctionner, investir pour qu'enfin on procède à des privatisations à grande échelle en Algérie, afin de donner de nouvelles perspectives aux citoyens d'Algérie, afin de ne pas les acculer au chômage, à la pauvreté, au désespoir, comme c'est le cas aujourd'hui. On nous parle de faire cela dans le cadre de la conférence de Barcelone. Cela revient exactement à dire que l'Algérie est un problème comme tous les autres. Alors que l'Algérie devraient êtrela priorité absolué de notre politique de ce côté de la Méditerranée, on l'enferme dans la normalité d'une conférence qui, de toute façon, ne mène pas à grande chose, comme nous le savons.Il faut investir des milliards d'écus, il faut qu'on veuille que quelque chose change. A cette condition, le Président Zéroual, les autorités algériennes, seront en mesure d'acccepter cette forme d'ingérence, parce que l'ingérenc
e se fonde sur le dialogue...
(Interruption de M. Cohn-Bendit)
.... sur le dialogue authentique, sur l'amitié. C'est à cette condition que l'on peut changer des choses. S'il s'agit seulement de jouer le donneur de leçons et de vouloir jouer les intermédiaires entre une partie et l'autre, il est évident que le gouvernement algérien ne peut pas l'accepter. Il faut prendre parti. Il faut défendre ceux qui, comme le président Zéroual, ont choisi de créer des institutions démocratiques en Algérie. Ceuxla continuent, il faut leur donner de la force, il faut être avec eux, et c'est à cette condition que l'on pourra travailler pour réformer la justice, pour réformer les prisons, pour éradiquer toutes ces forces qui, aujourd'hui travaillent dans l'ombre et sapent le processus démocratique en Algérie.