LE RAPPORT D'ANCONA SE PRONONCE POUR LA DEPENALISATION DE LA CONSOMMATION DE TOUTES LES DROGUES ET LA LEGALISATION DU CANNABIS
Agence Europe, 04/11/97
La Commission des Libertés Publiques et des Affaires Intérieures du PE a, en suivant son rapporteur, la socialiste hollandaise Hedy d'Ancona, (qui a été ministre de la santé aux Pays-Bas), adopté un rapport qui propose de faire face au problème de la drogue en comparant les expériences des différents pays, régions et villes européennes, afin d'intégrer les résultats positifs de ces expériences dans un nouveau type de politique. En particulier, cette commission s'est prononcée, à la majorité, pour la dépénalisation de la consommation de toutes les drogues, la légalisation de la production et de la distribution de cannabis, et pour une réforme des conventions internationales en cette matière. Il faut tenir compte de la réalité dans la plupart des Etats membres, a affirmé Mme d'Ancona, présidente de la commission, qui a aussi insisté sur le rôle que les pouvoirs locaux et régionaux peuvent jouer en matière de prévention, et a demandé que soient dégagés les fonds nécessaires pour mener une politique de préventio
n, d'information et d'éducation. "Une politique européenne se met lentement mais sûrement en place", a-t-elle estimé, en rappelant que le marché des drogues dans le monde est plus important que le marché de l'acier et a environ le même volume que le marché du textile. Le Parlement européen a "finalement rompu avec la politique de l'autruche à l'égard du problème de la drogue", ont commenté Gianfranco Dell'Alba et Olivier Dupuis, membres du groupe de l'Alliance Radicale Européenne qui, avec une soixantaine d'autres députés européens, avaient fait des propositions dans un sens "antiprohibitionniste". MM. Dell'Alba et Dupuis se félicitent de la proposition de légaliser la production et distribution de cannabis ("l'une des substances interdites et certes pas la plus rentable pour la criminalité organisée"), mais affirment que "ce pas en avant important" ne doit pas faire oublier que le "pouvoir énorme et toujours croissant des mafias de la drogue" pourra être combattu seulement lorsqu'elles seront privées des "s
ources principales de leurs gains gigantesques", ceux provenant du trafic des drogues dures et des drogues synthétiques (qui représente, selon l'Onu, 8% du PIB mondial). Par ce vote, a dit pour sa part Rinaldo Bontempi (PDS, italien), le Parlement dit non à l'hypocrisie qui domine dans beaucoup de pays où "des pratiques bien plus tolérantes cohabitent avec des lois exclusivement répressives". En prévoyant la possibilité d'administrer des drogues comme l'héroïne sous prescription médicale, nous avons aussi souligné la nécessité de contrôles adéquats, a-t-il rappelé.