"LA VISITE DU PAPE VA FORCER CASTRO A'BOUGER"
Pretre francescain exilé à New York, M: A. Loredo, 59 ans, a passé dix ans dans le prisons de Castro. Son regard sur Cuba après trente-neuf ans de castrisme et avant la visite du pape.
LE POINT: Qu'attendez- vous de la visite du pape? M.A.Loredo: beaucoup de choses se sont passées avant meme cette visite. Pour la première foi, les autorité ont été obligées d'autoriser les rassemblements de fidèles en plain air, en dehor des églises.Et quand le pape sera là, meme s'il ne peut pas parler librement, sa seule présence enclenchera une nouvelle dynamique. Castro aura eu sa photo à coté du saint-père à Rome et à la Havane, mais il devra en payer le prix. LE POINT: Quel prix? C'est une formidable reconnaissance pour lui!
M:A:Loredo: Cette visite est à double tranchant, c'est vrai, et elle n'est pas sans risques. L'un de ces risques serait que l'Eglise, pour éviter les dérapages et ne pas gacher la fete, soit tentèe de controler l'opposition pour la museler. Mais il y a aussi un risque pour Castro : 2000 jornalistes sur place pour parler de Cuba, et pas seulement du pape, c'est une opération - vérité que personne n'aurait jamais pu organiser. La visite du pape va forcer Castro à bouger. Sa présence va créer une dynamique devat laquelle Castro ne pourra pas rester inerte.
LE POINT: Où en est l'eglise cubaine?
M.A.Loredo: Elle est comme tout le monde: surveillée et baillonnée. Mais lEglise reste la seule institution à Cuba qui a plus ou moiins la possibilité de rassembler des gens sous toit, tous les jours et partout. C'est là une force potentielle considérable, dans le vide sociopolitique cubain. Ce n'est pas pour rien que Fidel a essayé de la détruire pendant près de quarante ans. Mais, finalement, c'est lui qui est allé frapper à la porte du Vatican pour inviter le pape.
LE POINT: Castro a survécu à l'ecroulement de l'URSS. Ca n'éetait pas évident!
M.A.Loredo: Castro est plus fort qu'on ne le pense. Ce serait une erreur de croire qu'il n'a plus de soutien à Cuba. Beaucoup de Cubains le détestent, à mon avis une majorité, il a aussi des partisans. Pour bien comprendre Cuba, il faut se représenter un one-man-show dont Castro est l'unique acteur et le librettiste. Il a réussi à faire croire à son public- chez lui, mais aussi à l'extérieur -que le problème numéro un de Cuba se situe entre le governement américain et le Peuple cubain. Alors qu'évidemment le vrai problème est entre Castro et ses sujets. Le véritable blocus- qui n'en est pas un, car le pays commerce avec le monde entier, et toutes sortes de produits américains sont disponibles dans les boutiques pour touristes de l'Havane - n'est pas celui de l'embargo. Il s'agit du blocus réel, répressif et politique, celui-là, que Castro impose à la nation cubaine depuis trente ans.
(PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE AUDIBERT)hjkkg