SESSION PLENIERE, 13/01/1998
Relations Europe - Etats-Unis
Intervention d'Olivier Dupuis (ARE)
Monsieur le Président, Monsieur le commissaire, chers collègues, moi aussi je voudrais féliciter Mme Mann et M. Souchet pour ces deux très bons rapports. Je voudrais dire que, personnellement, je rejoins un peu M. Bertens dans la mesure où je pense plutôt - et là je diverge quelque peu de M. Lambrias que nous devons à nos amis américains plus qu'ils nous doivent, au moins au cours de ces 40, 50 ou 60 dernières années. Je crois qu'il est important de le rappeler. J'estime - malheureusement je crains que cela ne fâche un peu plus mon ami Manisco encore avec moi - qu'on ne peut pas reprocher aux Américains leur unilatéralisme. Je pense que, très souvent, ils se sont trouvés seuls à faire face à des responsabilités importantes et heureusement qu'on les a eus. Le problème, encore une fois, c'est notre manque d'Europe, d'une Europe capable de parler d'une seule voix, d'avoir une seule politique: on l'a vu encore dans des cas importants, comme l'attitude envers la République populaire de Chine, où la position qui p
révaut toujours est celle de l'opposition d'un État de l'Union européenne contre l'autre, et c'est cela c'est le véritable problème. Je voudrais prendre au mot M. Souchet quand il dit qu'il ne faut pas hésiter à affronter des sujets délicats. J'estime - et je pense que l'ami Manisco sera d'accord - qu'il y a un sujet délicat qui me concerne beaucoup ou, en tout cas, de nombreux collègues de ce Parlement: il s'agit de la question de la peine de mort aux États-Unis. Alors, mon groupe a déposé deux amendements: l'un au rapport de M. Souchet et l'autre au rapport de Mme Mann. L'amendement au rapport de M. Souchet invite les États-Unis à abolir la peine de mort, non pas que celle-ci soit incompatible avec la démocratie - cela je le pense et nous disons dans l'amendement qu'il est important de le souligner - mais l'abolition de la peine mort constitue un élargissement de la sphère des droits fondamentaux et il serait souhaitable que nos amis américains l'intègrent dans leur constitution qui constitue toujours un e
xemple de démocratie. Je pense aussi que nous le devons à nous-mêmes, nous le devons à notre Parlement. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire ce genre de demande seulement aux pays dits pauvres, aux pays en voie de développement: nous devons avoir le courage de le faire aussi à un grand pays comme les États-Unis, et j'invite dès lors très vivement M. Souchet à accepter cet amendement. L'amendement au rapport de Mme Mann est un peu plus compliqué. Il existe 10 ou 12 États des États-Unis qui ont aboli la peine de mort et, là, il s'agirait de s'engager dans une voie un peu difficile, qui consisterait à favoriser non seulement les investissements de nos entreprises, mais aussi la présence de nos institutions ainsi que les représentations de nos États et, à travers ces représentations et celles de nos régions, à favoriser les relations économiques et culturelles avec ces États qui ont aboli la peine de mort, pour faire comprendre aux autres que cette abolition signifie quelque chose d'important pour nous, E
uropéens.