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Orofino Veronica - 27 gennaio 1998
LE " GRAND CROCODILE ", LE TIGRE AFRIKANER ET LA JUSTICE SUD - AFRICAINE

le monde / Frédéric Chambon / 26 / 01

"Je n'ai aucune intention de m'excuser. Moi j'ai traité Nelson Mamdela comme un gentleman quand il était en prison." Combatif et provocant, Pieter Willem Botha a oublié ses quatre-vingt-deux ans. L'ancien président sud-africain a meme oblié que c'était lui,aujourd'hui, l'accusé. Dans la minuacule salle d'audience du tribunal de George, il improvise une conférence de presse et retrouve ses accents de tribun des pires heures de l'apartheid. Selon lui, le régime de ségrégation raciale ne fasait qu'instituer "un bon voisinage" et la répression qui allait de pair constituait la réponse à "lassaut révolutionnaire communiste qui menaçit le pays! "

A l'extérieur, la foule exprime un avis différent. "Botha, pas de réconciliations sans vérité!" A bout de bras, cinq cents militants noirs massés devant le tribunal brandissent l'inscription, en dansant et en chantant. Tous savent que l'audience sera courte et consacrée à des questions de procédure avant détre renvoyée à plus tard. Mais ils sont venus assister à la revanche de l'histoire, la première comparution de "PW" devant la justice de la nouvelle Afrique du Sud.

Celui qui dirigea d'une main de fer le pays de 1978à 1989 est poursuivi pour son refus de collaborer avec la Commission vérité et réconciliation ( TRC), chargée de faire la lumière sur les crimes de l'apartheid. M. Botha a toujours affirmé qu'il n'avait rien à se reprocher. Il a qualifié la TRC de "cirque" et a ignoré toutes ses assignations à comparaitre.

Victime de son orgueil frisant l'arrogance, le "grand crocodile" comme l'appellent les Sud-Africains, doit maintenant subir l'impensable humiliation de s'expliquer devant un magistrat noir. Qui plus est, l'affront a lieu dans son propre fief, la petite station balnéaire de George, là où "PW" pensait justement pouvoir gouter une retraite paisible. "Je suis venu voir Botha devant le juge. Il nous a fait souffrir pendant des annés. Aujord'hui, je soulage ma colère", affirme Charles, employé municipal qui a pris un jour de congé pour se joindre à la foule mobilisée par le Congrès national africain (ANC) , le parti de Nelson Mandela.

Les manifestants se pressent contre les barbelés mis en place par la police. Les forces de l'ordre ont voulu éviter tout incident avec la poignée de partisans de M. Botha, présents de l'autre coté du tribunal. Autour du batiment aux vitres fumées, toutes les rues ont été barrées. Un hélicoptère survole la zone. Le municipal a fermé ses portes, de l'ANC prennent pour cible l'aile entière dédiée à M. Botha.

DEFENSEUR DES AFRIKANES

Escortée par la police, la voiture de M. Botha surgit. L'ancien président s'en extirpe avec peine. Il s'appuie sur le canne qui l'aide désormais à se déplacer. Vetu d'un costume sombre, l'ancien chef de l'Etat est accompagné de Reinette, son élégante compagne, de trentecinq ans sa cadette. Après le décès de son épouse, il s'est récemment fiancé, en dépit des soucis de santé évoqués pour ne pas comparaitre devant la TRC.

Avant d'entrer dans le tribunal, " PW" lève le pouce en direction de ses partisans en, shoprt kaki qui brandissent le drapeu de l'ancien régime. "Je pense que ce n'etait pas nécessaire de le faire comparaitre. C'est comme s'il fallait toujours payer pour le passé, encore et encore", commente avec amertume Dirkie, une Afrikaner de George.

L'acces à la minuscule salle du tribunal a été limité à la famille et aux représentants des partis politiques. Des anciens généraux, qui ont servi sous les orres de M. Botha, sont là "par solidarité". Parmi eux, Constand Viljoen, devenu le chef du Front de la liberté (un parti conservateur afrikaner), et Magnus Malan, un ex ministre de la défense.

M. Botha fait face au juge Victor Lugaju. Impassible, l'ancien président se tait. Son avocat insiste pour s'exprimer en afrikaans. Il remet au juge les documents de la défense tout en prenant soin de dénoncer la "mauvaise foi" de la TRC. Sans sourciller, le magistrat expédie l'affaire en vingt minutes et ajorne l'audience au 23 février, pour des questions de procédure. Le procès est fixé au 14 avril.

Pieter Botha est décidé a ne pas en rester la. Il entend faire de ses ennuis judiciaires une tribune. Après l'audience, il se lance dans une diatribe contre le pouvoir noir qu'il accuse de mener le pays au désastre et de rejeter la responsabilité de tous les problèmes actuels sur l'apartheid. Fidèle à sa réputation, M. Botha se pose en défenseur de la minorité afrikaner. "Nous n'accepterons pas de voir notre identité et notre culture détruites", affirme-t-il. Renouant avec som tempérament explosif, "PW" agite son index menaçant: "Je l'ai dit au président Mandela: ne réveillez pas le tigre qui sommeille dans chaque Afrikaner !"

 
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