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Orofino Veronica - 2 febbraio 1998
L'EUROPE EST SANS ILLUSION SUR CE QU'ELLE PEUT FAIRE EN ALGERIE

Face à la recrudescence des violences, les Quinze tentent d'amocer un dialogue avec les autorités algériennes, mais sans trop savoir ce qui peut en résulter. Certains d'entre eux reconnaissent publiquement qu'ils s'interrogent sur l'origine des massacres

le monde / 18/19 / janvier

Il y a quelques jours, face à la sinistre répétition des annonces de massacres en Algérie, l'Europe, à l'appel du ministre allemand des affaires étrangères, Klaus Kinkel,

ANALYSE---------------

L'EUROPE N'IRA PAS

A ALGER POUR RECLAMER

LE RESPECT DE L'ETAT

DE DROIT

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décidait pour la première fois de se saiser collecttivement du problème. Les péripéties relatives au premier et modeste projet des Européens-envoyer un trio de diplomates à Alger pour des entretiens avec les autorités - leur auront fait mesurer d'emblée les aléas d'une entreprise qu'aucun des Quinze n'est d'ailleurs à ce stade en mesure de définir.

Que peuvent faire les Européens, que veulent-ils faire? Les difficultés rencontrées par nos correspondants pour obtenir un début de réponse à ces questions dans les ministères des affaires étrangères sont en elles-memes révélatrices du grand embarras de l'Europe. Ici, on renvoie sur la Grande-Bretagne, qui assume actuellement la présidence de l'Union et "à ce titre a la charge de la communication". Là, on demande au jornaliste de formuler ses questions par écrit et on lui promet une réponse écrite qui ne vient pas. Ailleurs, le responsable sollicité déclare que, sur un sujet aussi délicat, il doit en référer à ses supérieurs; cela remonte parfois jusqu'au ministre, contacté à l'autre bout du monde et qui fait dire qu'il ne répondra pas... Chacun manifestement redoute d'avoir à s'exprimer sur l'Algérie, surtout les diplomates, dont c'est pourtant le métier que de savoir peser les mots.

Les Américains ne semblent guère plus à l'aise, qui un jour se prononcent pour l'envoi d'un émissaire de l'ONU en Algérie puis le lendemain se rétractent, et qui applaudissent des deux mains à l'initiative européenne: bravo, allez-y, nous vous soutiendrons... Personne dans cette affaire ne souhaite etre au premier plan; la France moins que quiconque qui, depuis des années, se heurte à l'impossibilité de communiquer sereinement avec Alger et qui n'est sans doute pas mécontente de sortir de ce tete-à-tete. "Ils découvrent que ce n'est pas facile de trouver les bonnes formulation avec les Algériens", dit un diplomate français à propos de l'initiative allemande et de la façon dont Klaus Kinkel, dans son élan de bonne volonté spontané, s'est d'emblée fait piéger.

Sans doute les Européens s'exprimeraient -ils plus librement s'ils avaient une idée de ce qu'il convient de faire. Mais ils ne l'ont pas, et c'est à Bonn qu'on l'admet avec la plus sincère humilité: "C'est nous qui avons pris l'initiative, mais on n'est pas plus intelligent ni moins réaliste à Bonn qu'à Londres ou à Paris. Cela étant, une fois qu'on a constaté qu'on ne sait pas quoi faire, qu'on ne peut pas faire grand-chose, est-il possible d'en rester là ? ", dit l'un des responsables de la diplomatie allemande.

"Nous n'en sommes qu'au tout dèbut, ajoute-t-il, à nous poser la question: pouvons-nous, et comment, contribuer à venir à bout d'une situation inacceptable ? "

LE PARTI PRIS PAR LA FRANCE

Pour lancer une action commune, il faut d'abord s'entendre sur un diagnostic. On ne peut pas dire qu'il y ait sur ce point de désaccord entre les Quinze mais, comme l'explique le meme responsable allemand, "il ne peut pas y avoir d'analyse commune de la situation, puisqu'à ce stade aucun gouvernement européen n'a les éléments pour comprendre ce qui se passe en Algérie, qui fait quoi".

Dans cette incertitude, certains ont cependant arreté un parti. C'est le cas de la France en particulier, qui y est contrainte par les intérets de diverse nature qui sont en jeu pour elle; Paris, contrairement à d'autres pays européens, ne peut pas avoir de politique en direction d'Alger. Cette politique a évolué : le temps n'est plus où Alain Juppé puis Lionel Jospin appelaient Alger à l'overture d'un dialogue avec "toutes les forces politiques récusant la violence "; l'epoque est encore plus lointaine où Jacques Chirac jouait prudemment de la menace, en laissant entendre à demi-mots que l'aide à l'Algérie pourrait devenir "conditionnelle".

Paris a manifestement décidé de se satisfaire de la réforme des institutions intervenue dans ce pays. Lorsqu'un porte-parole du Quai d'Orsay, en critiquant le manquement des autorités algériennes au devoir de protection de la population, semble révéler malencontreusement un sentiment génèral, il est immédiatement rectifié par d'autres voix officelles, dont celle du président de la république. Le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, répète à l'envi qu'il n'à "aucune raison de douter" de la thèse officielle algérienne sur les massacres et qu'on ne lui a jamais fourni aucune "preuve" qui la démente.

Ce parti semble gagné du terrain en France, au-delà des milieux dirigeants. Alors que, il y a quelques années, les rapports d'organisations humanitaires, le Livre noir sur Algérie, suscitaient les memes indignations contre les " éradicateurs" que contre les terroristes islamistes, alors qu'on conspuait le gouvernement français soupçonné d'avoir vendu des armes au régime algérien, au-jourd'hui un intellectuel comme Bernard-Henri Lévy peut faire le récit de son séjour en Algérie sans pratiquement évoquer la violence d'Etat (Le Monde des 8 et 9 janvier ) Ayant visité le site d'un massacre, il livre ainsi son point de vue : " Incompétence des militaires surement; indifference des militaires surement; indifférences peut-etre (...), mais un état- major, ou un clan, ou meme un service spécial fomentant les massacres ou armant les massacrurs ou déguisant ses hommes en islamistes (...), voilà une hypothèse à laquelle je ne parviens pas à croire."

"La plupart des dirigeants européens ne pensent plus aujord'hui qu'une partie des massacres puisse etre manipulèe par des secteur du pouvoir", affirme-t-on au Quai d'Orsay. L'affirmation est exagérée: tous les Européens n'ont pas écarté cette hypothèse, pas plus qu'ils ne s'alignent tous sur la position française quant aux " ouvertures" politiques effecttuées par le régime algérien. Si le commissaires européen Manuel Marin, qui sera du voyage à Alger lundi, se déclare convaincu qu'" il n'y a pas la moindre responsabilité du povoir" dans les récentes tueries, si le ministre belge des affaires étrangères Erik Derycke, affirmait sans état d'ame ces derniers jours que les massacres sont l'oeuvre des GIA "qui sont de plus en plus marginalisés", les autres dirigeants européens sont généralement beacoup plus nuancés. "Je crois qu'il est vrai que le extrémistes islamistes sont l'explication principale des massacres, mais il peut y avoir d'autres explications. On ne sait pas vraiment ce qui se passe, et c'est ce

qui rend nécessaire l'envoi d'une mission..." estimait de son coté Mme Lena Hielm-Wallen, le ministre suédois des affaires étrangères. Et son homologue espagnol, Abel Matutes: " Ce ne sont pas deux groupes qui s'affrontent clairement; c'est beaucoup plus complexe, et nous devons trés prudents dans nos interventions."

Aucun dirigeant européen sans doute ne prend pour argent comptant la version des faits donnée par les autorités algériennes. Mais le partage se fait entre ceux qui admettent publiquement se poser des questions et ceux qui jugent devoir se taire. Beaucoup, parmi les premiers, font valoir que l'envoi d'une mission à Alger permettra de lever les suspicious. Elle ne les lèvera évidemment pas : ce n'est pas la rencontre de trois secrétaires d'Etat européens avec des autorités algériennes rétives qui fera la lumière sur l'origine des massacres, et il est possible que la question ne soit pas meme évoquée.

Tous les Européens sont en effet convaincus qu'aucune initiative de leur part - ni de quinconque- nest envisageable qui n'ait l'aval des au torités algériennes. "Il est exclu d'exercer des pressions, ce serait contre-productif, dit un diplomate suédois, en accord sur ce point avec tous ses collègues. Nous ne pouvons pas obliger les Algériens à faire ce qu'ils ne veulent pas. Nous utilison donc la formule du dialogue avec laquelle tous les membres de l'Union sont d'accord. Bien sur, chaque Etat membre a sa façon d'agir, ses propres idées, mais l'optique est la meme."

L'Europe n'ira pas à Alger pour réclamer le respect de L'Etat de droit, la liberté pour les journalistes d'exercer leur métier, encore moins une enquete internationale sur le massacres ("ce serait de la provocation que d'en parler", dit on à Bonn). Elle ne réclamera rien, elle aura au contraire à répondre aux reproches des Algériens qui l'accusent d'héberger des réseaux terroristes. Interpellé récemment à l'Assemblée nationale sur cette question, le ministre français de l'intérieur avait répondu : "il existe (en Europe) des réseaux dormants que nous connaissons en partie. Nous avons fait des démarches auprès de certains pays de lUnion européenne où des éléments liés au GIA bénéficient d'un accueil qui rend l'extradition difficile." Mais ce quasi- contentieux, qui met en cause notamment la Grande-Bretagne, la Suède, l'Allemagne, les Européens le régleront entre eux, par sur l'injonction ni le controle d'Alger.

Alors de quoi peut-on parler ?

"Il ne faut pas attendre de résultats spectaculaires, dit le diplomate allemand. Ce n'est que le début d'un processus. Il s'agit simplement d'essayer d'étabilir un dialogue, de ne pas laisser Alger dans cet isolement crispé." Et l'Espagnol Abel Matutes de préciser : " Il faut etre très prudent, travailler beaucoup et éviter de soccomber à la tentation de délégitimer l'action du governement algérien, légalement constitué."

Claire Tréan

avec les correspondants en Europe

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LA COFAGE ANNONCE "UNE CATASTROPHE ECONOMIQUE"

La porsuite de la guerre civile est "une catatrophe sociale, économique et politique "

pour l'Algérie, estime la Cofage (l'organisme d'assurance des exportateurs français) dans son dernier rapport. A court terme, elle représente un risque faible pour les exportateurs, mais à moyen terme le risque demeure élevé.

La Cofage rappelle les points forts de l'économie algérienne et les réformes intervenues sous l'égide du Fonds monétaire international. En outre, le pays "bénéficie de l'appui des pays de l'Union européenne", dit le rapport. Mais l'endettement est très élevé, la dépendance alimentaire très forte et la réforme du secteur public ne peut qu'aggraver, dans un premier temps, les consitions de vie dejà très dures, de la population, ajoute le rapport.

Sur le plan politique, " le camp terroriste, de plus en plus divisé, n'est pas en mesure de prendre le pouvoir, mais il ne semble pas pour autant devoir etre vaincu rapidement (...). La consolidation des institutions va de pair avec des signes de division au sein de la classe dirigeante: face au terrorisme, aucune alternative crédible à l'éradication de ce phénomène ne se dégage", estime la Cofage.

 
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