Karim Talbi / liberation / 30 / 01

DEUX SUR TROIS CONSIDERENT QUE LE SYSTEME PENITENTIAIRE DOIT CHANGER.

Le Français ne connaissent de la prison que ce qu'ils en voient: les murs d'enceinte. Notés sur leur connaissance du milieu carcéral, ils n'obtiennent pas la moyenne: 8/20 seulement au terme d'une étude réalisée par le Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées ( Génepi) qui devrait etre rendue publique par le ministère de la Justice la semaine prochaine.

85 % des personnes interrogées sont en measure de situer l'établissement pénitentiaire le plus proche. Cependant, si certains aspects du système carcéral ne sont pas ignorés, l'ensemble de son fonctionnement reste obscur. Ainsi, deux Français sur trois affirment que les mineurs peuvent etre incarcérés. Mais seuls 3 % précisent que la loi impose un age minimum de 13 ans. De meme, près de 40 % des infractions citées comme étant la prèmiere cause d'incarcération se rapportent à des actes violents. Or, les deux principales causes de détention sont les infractions à la législation sur les stupéfiants et le vol simple.

L'imaginaire fait la part belle aux représentations des médias, de la littérature ou du cinéma. Ainsi, 22 % seulement des personnes interrogées pensent que les repas se prennent en cellule. La faute à de nombreuses scènes de films, notamment américains, qui se situent dans des réfectoires. De meme, 87 % des personnes interrogées pensent, à tort, qu'une grille ou une vitre séparent les détenus de leurs proches lors des visites au parloir.

Au- delà de ces aspects anecdotitiques, l'enquete révèle que deux Français sur trois considèrent que le système pénitentiaire doit changer. Ce n'est qu'une apparence de consensus : 40 % estiment que son règlement devrait etre assoupli

quand 36 % souhaitent un système plus strict. Là encore, plus que la réalité du monde carcéral, c'est la conviction que la prison est "bagne" ou un "quatre étoiles" qui conditionne les réponses. Les partisans de l'assouplissement se recrutent plutot auprès des professions intellectuelles, des cadres supérieurs et des professions intermédiaires, souvent à gauche sur l'éventail politique, des plus jeunes et des plus diplomés.

Un seul point, outre leur ignorance des conditions réelles de vie en milieu carcéral, réunit l'ensemble des Français: l'existence meme de la prison. 95 % d'entre eux se prononcent contre sa disparition.