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Orofino Veronica - 4 febbraio 1998
L'ATLAS DE L'ASIE ORIENTALE

par Francis Deron / le monde / 26 / 01 /

LA CRISE économique de l'Asie fournit une bonne occasion de s'interroger à nouveau pour ne pas dire enfin !- sur cet ensemble géographique mal défini, peut-etre indéfinissable autrement que négativement, qui passait jusqu'à un passé tout récent (sans que cela soit compètement faux) pour une locomotive majeure, apparue en quelques année, sur la carte des voiies du dèveloppement mondial. Et quel meilleur outil pour cela, précisément, que la cartographie ?

L'Atlas de l'Asie orientale ne se contente pas de fournir sous une forme condensée une mine d'informations factuelles, statistique ou autres, qui rempliraient, sous une forme plus classique, plusieurs volumes devant former le vade-mecum de quinconque s'interésse à cette partie du monde, dont on s'aperçoit au jourd'hui qu'elle a pris une place largement plus importante qu'on ne le croyait dans les affaires de la planète. L'ouvrage donne à sentir la dynamique des rapports, l'importance relative des indices, inscrits dans un passé et une épaisseur sociologique qui font précisément que l'Asie existe bel et bien, mais d'une manière autre que ce qu'en veut l'imaginaire occidental.

PUZZLE LINGUISTIQUE

Car pour tenter de comprendre l'Asie d'aujourd'hui il faut bien aussi en revenir aux chocs culturels internes, à des phénomènes colossaux qui n'envient rien à l'influence du christianisme, comme le fait en soi extraordinaire que BOUDDHA AIT PRIS LES TRAITS d'un Grec (le style Gandhara); ou se remettre en mémoire le fait qu'il y a moins de cent ans la Chine considérait comme relevant de sa souveraineté la partie continentale de ce que nous considéronsau jourd'hui comme "l'Asie du Sud-Est ", l'ile de Sakhaline ainsi que Boukhara et Samarcande ; ou que les eaux baignant les cotes du Vietnam, du Cambodge, de la Thailande, de la Malaisie, d'Indoésie et d'entités aussi sourcilleuses que Singapour et Taiwan, sont traversées de pais moins de sept lignes de fracture liées à l'exploitation de leur socle - sans parler des questions d'approvisionnement en pétrole pour le Japon et la Corée du Sud. A coté de ces considerations, la carte des insurrections ethniques du haut pays birman peut paraitre anecdotique. Elle ne

l'est pas tant que cela, si on la rapproche de celle de la répartition ethinique au Vietnam ou du pazzle linguistique en Chine. Les foyers de tension, le passé, les diversités locales sont en Asie aussi complexes, voire plus, qu'en Europe.

Il manquera toujours des cartes à la collection. Celle des pays où le dollar est ipso facto la monnaie dominante aurait d'autant plus gagné à y figurer qu'elle serait aujourd'hui en bonne place dans les attachée-cases des agents de change de toute la plaète. Mais la monnaie n'est qu'une des mille et une manières dont l'Asie se définit par rapport au reste de la planète et dont chacune de ses parties se voit par rapport aux autres. Un atlas n'est pas de trop, loin de là, pour tenter de s'y retrover.

Michel Jan, Gérard Chaliand, Jean Pierre Rageau, Atlas de l'Asie orientale, Histoire et stratégies, 223 p. 270f.

 
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