DIFFERENCES D'APPRECIATION DES DEPUTES EUROPEENS APRES LEUR VISITE A ALGER

Agence Europe, 16/17 février 1998

Avent la réunion de la Commission des Affaires Etrangères du Parlement européen qui, mardi soir à Strasbourg, entendra un premier rapport de la délégation de députés qui vient de passer quatre jours en Algérie, les divergences qui étaient déjà apparues pendant cette visite se confirment, en particulier en ce qui concerne la décision prise lundi dernier de déchirer sans le lire le message du FIS remis aux parlementaires européens par M. Ali-Yahia. Ainsi, à son retour à Bruxelles, la libérale belge Anne André-Léonard a dit dans une interview à la télévision: "je regrette" cette décision. Si un appel est lancé afin que cesse la violence, il faut l'entendre, a-t-elle estimé, en admettant par ailleurs qu'elle avait été déçue par les réponses obtenues à Alger au sujet de la liste de disparus qu'elle voulait transmettre aux autorités (des "centaines de noms") ou ses informations concernant "les lieux de détention secrets" et la pratique de la torture. Cependant, pour Mme André, cela n'a pas été "une visite pour rie

n", car un certain climat de confiance a pu être établi, alors qu'auparavant les relations avec Alger étaient "assez froides". Salima Ghezali, la directrice de "La Nation" (journal fermé depuis plus d'un an) qui a reçu le dernier Prix Sakharov du Parlement européen, affirme par ailleurs dans une interview recueillie par téléphone et publiée samedi dans le quotidien belge "Le Soir" que, même si elle est une adversaire politique du FIS", elle estime que les députés européens auraient pu "simplement refuser de prendre la lettre du FIS" au lieu de la déchirer, ce qui est, selon elle "une déclaration de guerre", un geste de "mépris total".