le monde / 20 / 02 /
Jean-Pierre Tuquoi
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L'Europe redécouvre les chemins qui mènent à Alger. Du coup, les voici bien encombrés. Jusqu'au vendredi 20 février, c'est une délégation du Parti communiste français (PCF) qui séjourne dans la capitale algérienne pour y rencontrer des personnalités "républicaines" et "de nombreuses forces politiques, syndicales, sociales et associatives", indique le communiqué de presse diffusé par le PCF. Le communistes auraient pu croiser à Alger le socialiste Jack Lang, qui le temps d'un week-end. a fait une escapade de l'autre coté de la Méditerranée.
La visite était "privée", mais elle n'a pas empeché le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblé nationale d'etre reçu entre autres, par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia.
Précédant M.Lang, c'était une cohorte de parlementaires européens - dont Daniel Cohn-Bendit -qui avait fait le voyage à Alger et, avant elle encore, la "troika" des Quinze, plus avant, des intellectuels, dont André Glucksmann et Bernard Henry-Levy. L'Algérie n'a pas toujours pratiqué cette politique d'ouverture. Il y a encore quelques mois, ses dirigeants rechignaient à accueillir des Européens soupçonnés de vouloir mettre en accusation le régime.
Seuls quelques "amis" surs fréquentaient alors les allées du pouvoir.
Le changement d'attitude n'est sans doute pas étranger aux massacres de civils de l'automne 1997. L'incapacité des forces de sécurité à les prévenir et à les stopper, l'impunité dont leurs auteurs ont bénéficié, leur forfait accompli, les confidences distillées par de mystérieux militaires algériens dans certains médias européens: l'image de marque du régime algérien à l'extérieur n'est pas sortie grandie de cette tourmente. De là, les demandes réitérées de Mary Robinson, le haut-commissaire pour les droits de l'homme, et de plusieurs gouvernements étrangers pour l'envoi en Algérie d'une mission d'enquete des Nations unies. De là aussi, début janvier, le communique du Quai d'Orsay rappelant le "droit légitime de la population algerienne à etre protégée" et réclamant une rapide " démocratisation authentique" en Algérie.
Les dirigeants algériens ont compris que, si l'opinion intérieure importait peu, il était impératif de redorer le blason de leur pays au sein de la communauté internationale, quitt à bousculer des habitudes hérittées d'un nationalisme sourcilleux. Le 13 novembre, une directive du chef de l'Etat, le président Liamine Zeroual, est venue confirmer ce changement de cap. "Il convient, explique-elle, de corriger l'image qui est véhiculée de l'Algérie à l'étranger, une image souvent fausse, car manipulée au gré des intéréts des chapelles politiques intérieures et extérieures. Parce que la promotion d'une image saine de l'Algérie à l'étranger souffre d'un défaut de stratégie (...), de relais complémentaires et d'un encadrement aguerri, l'institution d'une agence de communcation extérieure investie de la fonction de produire et de projeter la véritable image du pays aux plans politique, économique, commercial, culturel et touristique est une nécessité."
continuo con la seconda parte domani sabato.