( seconda parte ) le monde / 20
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L'agence n'a pas encore vu le jour. Mais déjà les responsables algériens ont réussi à "vendre" en quelques semaines une image plus positive de leur pays. Plus aucundirigeant politique européen ne réclame l'envoi d'une mission d'enquete sur les violences. Plus aucun ne s'insurge contre le refus d'Alger de toute aide humanitaire. Plus aucun ne conteste l'idée que, en dépit d'élections sujettes à cautions, la démocratie progresse dans ce pays toujours soumis à l'état d'urgence.
FERMETE ET OUVERTURE
Ce résultat a pu etre obtenu par une politique de communication habile, mélangeant fermeté et ouverture. Les pourfendeurs habituels du régime - les organisations de défense des droits de l'homme comme Amnesty Intrnational- sont toujours interdits de séjour en Algérie, mais les portes s'ouvrent pour quelques "intellectuels"de renom. Meme s'ils contiennent quelques piques contre le régime, leurs reportages publiés dans quelques-unis des plus prestigieux titres de la presse internationale confortent le régime. Ancien ministre de la défense et tombeur du président Chadli, le général Khaled Nezzar ne s'y est pa trompé, qui, début février, dans un article du quotidien El Watan, a tenu à rendre hommage aux "deux philosophes français qui voulaient connaitre la réalité". "Ils ont par leur action fait connaitre la vérité", écrit le gééral Nezzr, avant d'assurer "ces hommes de courage et de conviction" de son "plus respect" et de sa "plus haute considération".
La visite de la "troika" de l'Union européenne (UE) en janvier a, elle aussi été fort bien gérée . Elle pouvait etre dévastatrice pour Alger ; elle fut sans conséquence. Annulée dans un premier temps par les autorités algériennes cette visite-éclair (moins de vingt-quatre heures!) n'a finalement pu avoir lieu qu'aux conditions imposées par le pays hote. La "cooperation dans la lutte contre le terrorisme ", réclamée par les Algériens, a figuré au menu des entretiens entre les trois secrétaires d'Etat aux affaires étrangères de l'Union et le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, mais l'offre d'une "aide humanitaire" a été tout de suite rejetée. La "troika" n'a meme pas été autorisée à se déplacer sur les lieux d'un massacre, pas plus qu'à rendre un hommage symbolique aux victimes.
Et que retenir de ces trois jours passés à Alger par la délégation des parlementaires européens, sinon ce geste théatral et absurde de son président. le Français André Soulier, déchirant sans l'ouvrir une lettre de la direction de l'ex-Front islamique du salut (FIS). Comment mieux cautionner les déclarations du président Zeroual pour qui "le dossier du FIS est clos" ? La presse algérienne ne s'y est d'ailleurs pas trompée, qui a salué le "geste auguste" de M.Soulier. Il appartient à "ces actes spectaculaires qui déterminet parfois les virages historiques", a écrit Le Matin, tandis que Liberté observait : Le FIS a, semble-t-il, perdu la bataille européenne."
L'Algérie est dont redevenue un pays fréquentable. Ses nouveaux amis ne se comptent plus. L'Autriche a décidé de rouvrir son ambassade. Le chef de la diplomatie algérienne est sollicité de partout : Madrid et Londres attendent sa prochaine visite. Paris aussi, qui, par la voix de Jack Lang le weekend dernier, entend donner un "tour nouveau" à ses relations avec l'Algérie.
Jean-Pierre Tuquoi