WEI JINGSHENG FAIT SCANDALE A STOCKHOLM
SELON LE DISSIDENT, LA SUEDE A FORME DES CADRES DES PRISONS CHINOISES
Libération, le 1 avril 1998
Je trouve bizarre qu'une démocratie comme la Suède forme des gardiens de prison d'un pays déspotique comme la Chine. Wei Jingsheng, le célèbre dissident chinois, recevait hier à Stockholm le Prix Olof Palme, qui lui a été décerné il y a quatre ans. Et il revèle que, lorsqu'il été en prison, certains de ses gardiens avaient été formés en Suède. Sans doute a-t-il grossi le trait. En guise de matons, il s'agissait de hauts responsables de l'administration pénitentiaire venus en Suède pour apprendre à traiter humainement les prisonniers. Mais les chinois semblent n'avoir retenu que des tuyaux techniques. Selon Wei Jingsheng, ces geôliers été revenus avec l'idée que les Suèdois traitaient leurs prisonniers avec trop de douceur. Mais que côté surveillance, ils avaient plein de bonnes idées. C'est ainsi que Jingsheng, qui avait jusque-la une caméra de surveillance dans sa cellule, c'était retrouvé avec trois caméras supplémentaires après le retour des responsables chinois... Carl Bildt, le leader conservateur suédo
is, qui a récueilli le témoignage de Wei Jingsheng, a aussitôt écrit au Premier ministre social-démocrate, Göran Persson, qui tombé des nues, a bousculé son emploi du temps pour recevoir le dissident. Un autre responsable de l'opposition a réclamé que l'aide à la Chine (30 millions de francs en 1997) soit suspendue. Prudente, Lena Hjelm-Wallen, ministre des Affaires étrangères, attend de plus amples renseignements, tout en déclarant que si la formation dispensée à une cinquantaine de responsables chinois était utilisée à de fins autres qu'humanitaires, ce serait en échec pour la Suède. Jingsheng veut faire pression pour que l'aide cesse de transiter par le pouvoir en place, mais passe plutôt par les ONG et l'opposition.