Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
sab 12 lug. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Partito radicale
Orofino Veronica - 21 aprile 1998
POL POT, LE DIABLE LE PLUS SECRET DU XX SIECLE

Le monde / 21 aprile F. Deron et Jean-Claude Pomonti

----------------------------------------------

Le diable avait teint ses cheveux. La dépuille mortelle de Pol Pot aborait une tignasse noire alors qu'avant sa mort il était coiffé de blanc, le blanc de ses soixante-treize ans.

Pol Pot a été le diable le plus secret du XX siècle. Pendant près de quarante ans, il s'est casché dans la foret. Ses rencontres avec des jornalistes se comptent sur les doigts d'une man et le trois dernières, depuis 1997, lui ont été imposées. Au lendemain de sa prise du pouvoir, en 1975, on ne savait meme pas qu'il s'agissait de Saloth Star. De rares films réalisés pour la propagande ou à l'occasion de deux visites à Pékin en ont brossé un portrait physique un peu flou et changeant.

Il ne laisse pratiquement aucun texte théorique et les seuls documents de sa mains sont des ordonnances et des instructions. A telle enseigne qu'on se demande encore les parts respectives, dans son projet, de plusieurs facturs : du retour à une société agraire, au "Khmer originel", ou à la grandeur passée; de la peur, qui explique en partie l'évacuation tragique des villes; de l'influence de la révolution culturelle chinoise; de la paranoia croissante du complot, qui se traduit par des massacres de minorités (Chinois, Chams, Vietnamiens) ou de membres de "classes" honnies (ceux qui portent des lunettes, qui parlent une langue étrangère, etc.) et par de sanglantes purges; d'une fuite des réalités, avec des chantiers sans logique ou des attaques contre le Vietnam.

En subissant un ravalement capillaire, le vieillard malade a-t-il cru pouvoir, encore une fois, falsifier son identité ? Ou a t-il voulu se redonner la vigueur attribuée, en Asie, à la santé de la chevelure ? Quoi qu'il en soit, ainsi s'en est allé un dictateur sanguinaire à qui seul sans doute un concours de circonstances- la guerre- permit de torturer un peuple. Au bas mot, l'homme a éliminé un quart des Cambodgiens, infligé des tortures physiques et mentales aux survivants et à leurs descendants.

Après sa disparition, il continuera d'imposer, non seulement à la mémoire des Khmers, mais aussi à la planète tout entière, une question qui n'est pas du seul ressort des politiciens : comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire sans engendrer de réaction occidentale, en dépit des cris d'alarme lancés par quelques témoins ? Pourtant, après le communisme russe. la Shoah, le maoisme, et leurs cortèges de victimes, le pire pouvait etre sur. Encore fallait-il etre à l'écoute.

Avant meme d'étendre leur autorité à l'ensemble du pays, Pol Pot et ses collaborateurs avaient élaboré la redoutable théorie du "peuple nouveau". Ce seul libellé remet en mémoire l'aphorisme preté par Berto Brecht au dictateur absolu: quand le peuple ne convient plus à ses gouvernants, il faut dissoudre le peuple. Dès lors, comment et pourquoi hésite-t-on encore à prononcer le seul mot qui désigne l'"oeuvre" de Pol Pot : un génocide ? Sans qualificatif-excuse, sans recours à une hiérarchie établie au vu nombre de victimes, mais dans le sens communément admis d'extermination totale ou partielle d'un peuple ou d'un groupe ethinique, social ou religieux, quatre critères qui s'appliquent au drame cambodgien.

VAINCRE LES RESISTANCES

Si le terme génocide doit etre retenu, ses implication actuelles doivent etre prises en compte et les démarches entreprises doivent dépasser le cadre strict du Cambodge, au meme titre que la tragédie elle-meme le dépasse : non par amnésie mais par intéret, par peur ou, plus simplement, parce qu'ils se sentent encore trop pris par la tragédie, le dirigeants cambodgiens, toutes tendances confondues, ne pousseront pas à ce qui serait, à leurs yeux, un exorcisme.

Mais la disparition de Pol Pot n'absout pas ses anciens compagnons. Il n'y a pas prescription, sauf à jeter un discrét sur les efforts entrepris pour établir une juridiction internationale ayant autorité sur les crimes contre l'humanité. Certes, la répartitiondes responsabilités dans la tragédie khmére en sera plus difficile. Certains acteurs en mesure de témoigner ou de débloquer des barrages administratifs vont résister. Or chacun sait, ici comme ailleurs, combien le blanc et le noir ont tendance, en pareilles circostances, à se meler.

Le fait qu'il n'y aura pas de réponses simples aux questions d'un jury ne doit pas occulter l'aveuglement de ceux qui, encore une fois, voulurent pas savoir à temps. Bonne coscience, intentions louables et sentiments de coulpabilité ont toujours fait partie du ciment scellant la complicité coupable avec des abominations. il y a peut-etre naiveté à imaginer qu'on puisse ainsi réglementer l'Histoire alors meme qu'elle se fait. Mieux vaudrait pourtant le tenter que d'envisager sans réagir l'éventualité de voir quelque nouveau Pol Pot quitter la scène en toute impunité aprés une dernière visite chez le coiffeur.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail