le monde / 8 / mai
C'EST UN PETIT PAS, un accord de principe, mais il ouvre une faille dans le mur qui sépare le gouvernement islamique soudanais des rebelles animistes et chrétiens de l'Armé populaire de libération du Soudan (SPLA), du colonel John Garang: les deux parties sont parvenues, mercredi 6 mai, au terme de trois jours de négociations à Nairobi, à s'entendre sur << la reconnaissance du droit à l'autodétermination du people du Sud soudanais,(droit) qui sera exercé en vertu d'un référendum (organisé) sous supervision internationale au terme d'une période intérimaire >>.
La question de la période intérimaire, dispose le communiqué final, << sera négociée par les deux parties >> sous l'égide l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), groupant sept Etat africains, et qui parraine les négpciations intersoudanaises. Le sus du Soudan devra choisir entre << l'unité ou la sécession pure et simple >>.
La durée de cette période intérimaire, le differénd sur les limites géographiques de la région concernée par le référendum et <> restent à régler. Cela sera discuté lors de la future session de négociations prévue dans un délai de trois mois à Addis Abeba, en Ethiopie. D'ici là, tout peut arriver, d'autant que la SPLA a refusé un cessez-le-feu demandé par le gouvernement pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations sinistrées par la sécheresse et la guerre et menacées de famine. L'accord de Nairobi n'en apporte pas moins quelques nouveautés. Il entérine l'acceptation par le gouvernement de l'existence d'un problème politique, et pas uniquement sécuritaire, dans le sud du pays, explique un diplomate soudanais. Il consacre la reconnaissance de la << différence >> et de la spécificité que le Sud tire de la diversité de ses ethinies, de ses cultures et de ses religions. Il reconnait aussi le droit de cette région à la séparation, si telle est la volonté populaire.
PERIODE TRANSITOIRE
Le gouvernement ajoute ce diplomate, entend mettre à profit la périod transitoire, pour amorcer le développement et la communication entre les différentes régions du pays et créer une véritable trame de l'unité, trame que la guerre qui déchire le Soudan depuis l'indépendance, en 1956-avec un répit de dix ans entre 1974 et 1983-, a toujours empeché de tisser.
Durant la période intérimaire, ajoute le diplomate soudanais, les autorités auront fait le maximum (c'est-à-dire surtout lancé des projets de développement), pour que les gens constatent que non seulement il n'y a plus la guerre, mais qu'il y a aussi la paix.>> Les Soudanais du sud opteront alors pour l'unité, ajoute-t-il, car la sécession sera davantage source de probèmes entre la centaine d'ethnies qui coexistent dan cette partie du pays que l'avènement d'une ère de prospérité.
Le gouvernement de Khartoum avait déjà reconnu les particularités du Sud soudanais en concluant, en avril 1997, un mini-accord de paix avec six factions de la guérilla-qui ne sont plus que cinq depuis le retournement de l'une d'elles (le monde du 2 mai 1997). Le projet de Constitution actuellement soumis à référendum l'engage plus officiellement encore sur ce chapitre. Mais tant l'accord de 1997 que le projet de Constitution ont été conçus sans la SPLA, qui est le principal mouvement de guérille sudiste. Aussi est-ce l'approbation de cette dernière qui donne son importance à l'accord de Nairobi.
Les probèmes qui restent en suspens sont de taille. Les autorités de Karthoum ont un modèle à proposer concernant la durée- quatre ans-et les modalités de gestion de la période transitoire- Conseil de coordination entre les Etats fédéraux du Sud soudanais. Ce modèle est en cours d'expérimentation avec les factions qui se sont ralliées à lui, et il est repris dans le projet de Constitution. Mais il a dejà été rejeté par la SPLA. Si un compromis est trouvé, il foudrà amender la Constitution.
Plus épineux est le différend sur les sources de la législation. Le projet de Constitution dispose que ce sont << la charia (la loi musulmane), le consensus ou encore les coutumes >>. La SPLA refuse toute référence à la charia. << Respecter les droit des minorités ne signifie pas que nous devons sacrifier ceux de la majorité >>, explique le diplomate soudanais. La charia ne sera appliquée dans aucun des Etats du Sud, assure-t-il, meme pour ce qui concerne les musulmans de ces région. Mais ces garanties ne sont que des déclarations d'intention que la SPLA met d'autant plus en doute que le Front national islamique a plombé les institutions à Kharthoum et détient les véritables renes du pouvoir.
Khartoum s'emploie en tout cas avec un quasi-acharnement à donner des gages de sa bonne conduite et de sa bonne et de sa volonté de mettre fin à la guerre. Du projet de Constitution, à la création du Conseil du Sud soudanais, es passant par une nette amélioration des relations avec l'Egypte, une nouvelle entente avec le Fonds monétaire international et l'engagement à faciliter le travail des organisations d'aide humanitaire, tout est fait pour que l'image malmenée du Soudan soit retouchée.
Mouna Naim