le monde / 30 / mai
L'HEURE n'est plus à << déplorer >>, << condmner >>, à se dire <> ou << inquiet >> devant la brusque poussée de fièvre nucléaire qui vient de saisir l'Asie du Sud. Ces émois sont superflus. Ils appartiennent à un xx siècle de facto enterré.L'heure est à en tirer les conséquences. Tout de suite.
La planète compte désormais, avec la Chine, l'Inde et le Pakistan, trois puissance nucléaires avouées, à la fois limitrophes et hostiles ou méfiantes entre elles. C'e n'est qu'un début. Qu'on le veuille ou non, ce ne sont plus cinq << vétérans >> de l'atome présumés raisonnables qui, d'ici quelques années, dicteront l'ordre mondial. Dix, douze ou quinze gouvernements seront plus ou moins aptes à déclencher la glaciation nucléaire définitive. Pour ne rien dire d'éventuels fous de l'atome, mafieux ou terroristes,encore moins dénombrables au plan international.
Conséquence numéro un : il faut immédiatement proclamer l'échec des efforts de désarmement des trente dernières années. Leur dernier rejeton, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, est quasi mort-né. Inutile, donc, de se raccrocher à ces bouées confectionnées sur des bases périmées, d'yapposer des rustines. Demain, tel ou tel Etat, démocratique ou non, agressé ou croyant l'etre, conquérant ou simplement soucieux de garantir sa sécurité, peut s'estimer fondé à s'équiper de la bombe.
Bienvenue,donc-pour le pire autant que pour le meilleur -, dans le XXI siècle ! Reste à en définir, si possible, un code de conduite. Ls notion meme de << club nucléaire >> est à proscrire, absolument. C'est cette notion qui a donné naissance aux bombes indienne et pakistanaise. La Chine a beau se dédouaner aujourd'hui, c'est elle, avant tout autre, qui a fourni l'arme à Islamabad. Ce faisant, elle a violé les règles dudit club ( et pas seulement au Pakistan).Il est trop tard pour s'en étonner. Il ne l'est pas pour tenter d'imaginer des solutions afin de se prémunir d'une répétition de cette aventure.
C'est possible à la seule condition - conéquence numéro deux- de cesser de se bercer d'illusions. La plus dangereuse: qu'un monde << multipolaire >> -l'expression est à la mode- serait intrinsèquement moins dangereux que le bipolarire d'antan ou le quasi-monopolaire qu''on a pu redouter. Le monde sera ce qu'en feront des gouvernements responsables qu'il faut souhaiter révocables par les popolations qu'ils commandent : meme fiers de la détenir, les peuples ne veulent pas utiliser la bombe.
La nostalgie pour un << age d'or >> de la dissuasion ne peut etre d'une quelconque utilité désormais. Ce qu'il faut, c'est, tout spécialement de la part des pays qui ont garantì avec succèss son application dans la seconde moitié du XX siècle, une volonté politique d'imaginer un nouveau modus vivendi international. Ce qu'il faut, c'est prendre acte d'une réalité nouvelle et, impérieusement, l'affronter avec lucidité.
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