LE SOUCI DE NE PAS LAISSER IMPUNIS LES CRIMES CONTRE L'HUMANITE

par Zagbadi Agoua / la Voix / journal de l'opposition en Cote d'Ivoire

L'idée de créer une cour de justice internationale permanente a fait du chemin. Cent vingt pays et ONG sont réunis à cet effet à Rome en Italie depuis le 15 juin 1998

Lorsqu'il se produit un génocide ou crime contre l'humanité quelque part dans le monde, et que la communauté internationale (ONU) veut punir les auteurs, il s'écoule et se perd un temps fou pour commettre une juridiction qualifiée à cet effet. Il a fallu plus de six mois pour convoquer le Tribunal pénal sur le génocide du Rwanda (le TPR) qui se tient à Arusha en Tanzanie. De meme que pour le tribunal pénal international (TPI) sur le génocide en ex- Yougoslavie qui siège à La Haye au Pays-Bas. l'un comme l'autre génocides ont été qualifiés de crime contre l'Humanité par l'ONu. Cela étant ainsi, il a fallu réunir, de façon ponctuelle, les compétences humaines et les moyens matériels et financiers, et cela a pris du temps. Lorsque le procès proprement dit débute, la procedure judiciaire habituellement longue, s'étire sur des mois voire des années. L'action judiciaire initialement entreprise pour frapper l'imagination et servir d'exemple, perd de son impact psychologique et laisse subsister le doute et la suspi

cion sur l'impartialité des jugements et des verdicts rendus. Le procès tenu dans de telles conditions laisse, comme un arrière gout d'inachevé, de baclé voire d'iniquité.

C'est fort de ce constat que 120 pays et organisations non-gouvernementales (ONG) de droits humanitaires sont réunis à Rome en Italie depuis lundi dernier 15 juin 1998, et ce jusqu'au 15 juillet 1998 pour débattre et surtiout proposer la création d'une cour internationale de justice permanente qui sera chargée de juger les génocides et crimes contre l'humanité dont, paradoxalement, les sociétes " les sociétés civilisées" du 20ème siècle semblent particulièrement raffoler. Si les ONG des droits humanitaires soutiennent sans réserve l'idée d'un tribunal international permanent, certaines grandes puissances comme les Etats-Unis et la France montrent, par contre, peu d'enthousiasme. Ce sont en effet leurs troupes qui, le plus souvent, se trouvent engagées dans les conflits à travers le monde. Washington et Paris craignent de voir leurs soldats accusées de complicité de génocide par le tribunal international permanent s'il venait à etre institué. Cependant, à Paris comme à Washington, on ne repousse pas systémati

quement l'idée de créer une cour de justice permanente. Il y a donc de l'espoir qu'au terme des travaux sur le tribunal international permanent qui se déroulent actuellement à Rome, une plate-forme consensuelle soit dégagée afin qu'à l'avenir, les graves manquements aux droits de l'homme et des peuples de plus en plus nombreux dans le monde soient dénoncés et punis. L'équilibre moral de l'humanité est à ce prix.