le monde / Jean-Pierre Tuquoi
L'Algérie semble paralysée.
Une série de scrutins-presidentiel, législatif, local - ont fait oublier la victoire électorale volée au Front islamique du salut (FIS) en janvier 1992 par un coup d'Etat. L'oppositionest affaible et divisée. La communauté internationale ménage le régime et ne demande plus d'enquete sur les massacres...De ces atous pourtant le pouvoir ne réussit pas à tirer profit pour faire redemarrer le pays, lui proposer un projet de société . L'Algérie stagne dans l'attentisme.
La poursuite de la violence n'est pa étrangère à cette situation. En dépit des promesses des responsables politiques maintes fois réitérées d'<<éradiquer la violence >>,chaque jour passe voit s'allonger la liste des victimes. La mort a simplement changé de registre. Aux tueries collectives a succédé un filet continu de meurtres de civils, de militaires, d'islamistes, de << patriotes >>, au rythme d'une dizaine par jour.
Le climat politique n'est pas pour arranger les choses. A deux ans de l'élection présidentielle (elle doit avoir lieu en l'an 2000), la vie politique est figée provisoirement.
A son dernier congrès, tenu ce printemps, << le parti du président >>, le rassemblement national démocratique (RND), a décidé de laisser vacant pendant un an le poste de président. Il ne fait pas de doute que, dans l'Algérie actuelle, celui qui l'occupera sera le candidat du parti à la présidentielle. Avec toute le chances d'etre élu.
Fondateur du Parti du renouveau algérien (PRA),une petite formation qui se propose de concilier islam et modernité, Nourredine Boukrouh a mis à profit cet attentisme pour lancer un brulot. En quelques jours, à coups de tribunes et d'interviews dans la presse, celui qui fut candidat à la présidentiellede novembre 1995 vient de se livrerà des attaques d'une rare violence contre le président Zéroual et son gouvernement.
<> << Ceux qui ont entrepris de détruire le pays par le terrorisme, écrit il dans le quotidien Liberté, ne sont pas plus coupables que ceux qui oeuvrent à son anéantissement par la perversion de ses institutions et le pillage de ses ressources. Pour les parassites qui ce sont contitués en << priviligentsia >> exploitant jusqu'à l'usure le souvenir de la Révolution, le terrorisme est moins redoutable que la droiture, l'honneteté, le légalisme, la transparence, et c'est pourquoi ils ne souhaitent pas au fond que le terrorisme disparaisse.>> Plusieurs jours, les Algériens ont ainsi eu droit à des pages acides contre des << gouvernants (qui) bombent le torse et (dont) les mustaches se hérissent d'arrogance>>.
le monde / 23 juin