19/11/98
Liberté d'expression en Serbie et en Algérie - intervention d'Olivier Dupuis
Dupuis (ARE). - Monsieur le Président, très rapidement sur la Serbie, je pense que, personnellement, je m'abstiendrai. C'est, encore une fois, une résolution "tiède" et j'en viens à craindre que mes amis du PPE soient pris par le syndrome du parti socialiste qui est, comme nous le savons, de ne jamais faire de vague et de ne pas importuner les gouvernements. Bien évidemment, le PPE ne participe plus à beaucoup de gouvernements, ce qui me laisse un peu d'espoir. Ceci dit, je commence à croire que nous verrons bientôt surgir une initiative en faveur du prix Nobel pour M. Holbrooke et M. Milosevic. C'est vous dire combien je pense que la situation est désespérée.
En ce qui nous concerne, nous poursuivrons notre campagne pour l'inculpation de M. Milosevic. Il n'y a pas d'aide, pas de réforme possible en Serbie tant que ce mafieux sera au pouvoir, et il faudrait commencer à s'en convaincre. Nous sommes déjà 120 à y croire dans ce Parlement.
En ce qui concerne l'Algérie, la situation est absolument délirante. Malheureusement, nous devons en parler en l'absence d'un de nos grands contemporains, M. Cohn-Bendit, qui est à l'origine de cette résolution avec d'autres, telle Mme André-Léonard. Il est aussi notre rapporteur pour la question algérienne. C'est du délire! On s'aperçoit que les raisons qui ont amené à cette résolution disparaissent. On vide les textes originaux de toutes les questions parce qu'elles ont été résolues entre-temps par les éditeurs, le gouvernement et le parlement algériens. Cette attitude n'est pas seulement le fait de l'ambassade d'Algérie, on la constate documents à l'appui. On vide cette résolution de sa substance, mais on la maintient à l'ordre du jour de notre Parlement.
Je pense que cette façon de procéder frôle les limites de notre règlement et, n'en déplaise à ma très chère collègue et amie, Anne André-Léonard, la situation de la presse en Algérie est sensiblement meilleure que dans d'autres pays - comme la Tunisie dont parlent les journaux ce matin, et aussi peut-être le pays d'où elle vient. Je pense en effet qu'une certaine forme de censure indirecte s'exerce en Belgique, nous l'avons constatée avec d'autres dans un certain nombre d'affaires qui gangrènent ce pays. Il n'est pas le seul de l'Union dans ce cas, mais je pense qu'il devance d'autres pays de l'Union européenne par certaines évolutions dégradantes.
Donc, nous faisons tout pour décrédibiliser un pays, l'Algérie, qui a un problème énorme, qui doit affronter la transition d'un régime communiste à un régime pluraliste et qui a adopté un certain nombre de réformes. Nous faisons tout pour empêcher les investisseurs européens de croire tant soit peu à la possibilité d'un futur différent pour ce pays. Systématiquement, nous envoyons des signaux absurdes qui ne sont compris ni par l'opinion publique algérienne ni par l'opinion publique européenne ni, évidemment, par les investisseurs et ceux qui pourraient apporter quelque chose de positif à l'Algérie. C'est du délire!