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De Perlinghi Alexandre - 8 dicembre 1998
K. Annan : les Droits de l'Homme...
Les droits de l'homme, trame de notre existence

Le Monde 9 DEC 1998

par Kofi Annan

» Je vois bien que vos intentions sont bonnes. Mais ce que vous voulez me donner, je

l'ai déjà. Vous voulez me donner le droit d'être un homme. Ce droit, je l'avais en

naissant. Vous pouvez m'empêcher de le vivre, si vous êtes le plus fort, mais vous ne

pourrez jamais me donner ce qui m'appartient déjà.

Ces paroles, qui étaient adressées à un anthropologue plein de bons sentiments, ont

été prononcées, il y a près d'un siècle, par un homme né esclave. Si j'ai choisi de les

mettre en exergue, c'est parce qu'elles nous rappellent une vérité si évidente et si

élémentaire qu'elle touche au truisme : les droits de l'homme sont des droits innés,

inhérents à la personne. Apanage inaliénable de tous les êtres humains, ils sont

universels par définition. C'est d'ailleurs sur le principe de l'égalité foncière de tous les membres de la

famille humaine que reposent non seulement la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont

nous célébrons le cinquantenaire, mais aussi d'autres textes fondateurs comme la Déclaration

d'indépendance des États-Unis de 1776 et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de

1789.

Ce principe est au nombre des vérités que, pour reprendre les termes de Thomas Jefferson, nous

tenons pour évidentes. Et comme telles, elles sont profondément enracinées dans l'histoire de

l'humanité : on les retrouve, sous une forme ou sous une autre, dans toutes les grandes traditions

religieuses et philosophiques de la planète. C'est pourquoi je ne saurais en aucune façon souscrire à

la thèse selon laquelle le respect des droits de l'homme est un luxe de pays riches que le monde en

développement ne peut pas encore se permettre.

Penser en ces termes, c'est faire injure au désir de liberté qui habite chacun d'entre nous. Qui

pourrait nier, en effet, que nous aspirons tous au bonheur, que nous partageons la même horreur de

la violence et de l'arbitraire, que nous cherchons à nous protéger de la peur et de l'oppression, que

nous voulons avoir les moyens de nous exprimer librement et de participer à la vie de la cité ? Mais

c'est aussi faire preuve de myopie politique et économique, car on sait maintenant à quel point le

respect des droits fondamentaux est indispensable au développement et au progrès des sociétés.

Les droits de l'homme ne sont donc pas des privilèges que les gouvernements peuvent accorder ou

retirer à leur guise, mais sont indissociables de la valeur que nous attachons à la dignité humaine. La

responsabilité des gouvernements, c'est de veiller à ce que les conditions voulues soient réunies

pour que chacun puisse jouir de ses droits fondamentaux : droit à la vie, à la sécurité, à l'éducation,

mais aussi liberté d'opinion, d'expression, d'association. Mais c'est à chacun d'entre nous qu'il

appartient de les faire siens, de s'en imprégner, de les réaliser au jour le jour, à titre individuel aussi

bien que collectif. En matière de droits de l'homme, nous avons tous un devoir de conscience et de

vigilance.

En 1995, l'Unesco a élaboré une déclaration de principe sur la tolérance, assortie d'un plan d'action

destiné à donner suite à l'Année des Nations unies pour la tolérance. Si j'évoque ces documents,

c'est que la notion de tolérance me paraît cruciale : sans elle, tous les droits humains que nous avons

pris soin de définir, de répertorier et de consacrer sont voués à rester lettre morte. Fondement de la

société civile et de la paix, la tolérance nous permet de voir dans la diversité des cultures non pas un

obstacle au respect des droits de l'homme, ou, pis encore, une justification des violations qui sont

commises, mais une source de richesse à laquelle nous pouvons tous puiser.

Au cours des cinquante années qui se sont écoulées depuis l'adoption de la Déclaration universelle,

l'Organisation des Nations unies a progressivement étoffé le corpus des instruments internationaux

relatifs aux droits de l'homme, en y ajoutant des textes aussi importants que la convention relative aux

droits de l'enfant, la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des

femmes et la convention internationale sur toutes les formes de discrimination raciale. Mais si elle

peut s'enorgueillir à juste titre de son travail de codification, force est de constater qu'elle n'a pas su

prévenir les trop nombreuses atrocités qui ont marqué notre histoire récente.

Cet échec est sans doute partiellement imputable au fait que, pendant trop longtemps, on a considéré

les droits de l'homme comme un des aspects des activités de l'ONU alors qu'ils doivent en être la

trame, tout comme ils forment la trame même de notre existence.

Devant les violations massives des droits de l'homme qui continuent d'être commises un peu partout

dans le monde, nous pourrions être tentés de baisser les bras. Mais il est une chose qui doit nous

rendre courage : les peuples du monde ont un sens de plus en plus aigu des responsabilités qu'ils

ont les uns envers les autres et envers la planète.

L'émergence d'une conscience universelle, dont la création de la Cour pénale internationale n'est que

l'une des manifestations, nous fait espérer qu'une véritable culture des droits de l'homme est en train

de se faire jour, une culture dans laquelle l'exercice et la défense des droits fondamentaux ne sont

pas l'affaire de quelques-uns - diplomates, gouvernants ou militants -, mais celle de chacun d'entre

nous. Ce n'est qu'alors que la Déclaration universelle ne sera plus un idéal commun à atteindre mais

le fondement de toutes les sociétés.

 
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