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Partito Radicale Centro Radicale - 16 dicembre 1998
Macédoine/minorité albanaise/nouvelle majorité gouvernementale

EN MACEDOINE UNE MAIN TENDUE A LA MINORITE ALBANAISE

par Christophe Châtelot

LE MONDE, le 16 décembre 1998, page 15

ALORS que le règlement de la crise au Kosovo paraît encore lointain, le nouveau gouvernement macédonien, issu des élections législatives de novembre, tente de désamorcer les tensions interethniques entre la majorité slavomacédonienne et la forte minorité albanaise qui s'estime victime de discriminations.

Signe d'apaisement, le nouveau premier ministre macédonien, Ljubco Georgievski, vient d'offrir cinq portefeuilles ministériels au Parti de la prospérité démocratique albanaise (PPDA) d'Arben Xhaferi. Cette proposition était inattendue. La coalition de droite Pour le changement, formée par le VMRO-DPMNE de M. Georgievski, et l'Alternative démocratique (DA) de Vasil Turkovski n'avait pas besoin du soutien des 10 députés PPDA, les élections législatives de novembre leur ayant assuré 62 des 120 sièges du Parlement unicaméral. C'est un petit miracle, a commenté M. Xhaferi. Le PPDA est la plus radicale des deux principales formations qui défendent les intérêts des 23 % d'Albanais de Macédoine - selon un recensement officiel contesté par les Albanais. Rien ne prédisposait le PPDA à s'entendre avec les nationalistes slavomacédoniens du VMRO-DPMNE, lointains héritiers de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne qui mit les Balkans à feu et à sang au début du siècle. Peu avant qu'il n'entre au gouverneme

nt, le PPDA était encore accusé de sécessionisme par l'actuel premier ministre.

L'arrivée de ministres du PPDA est la preuve d'une bonne disposi-tion vis-à-vis des Albanais, un geste d'ouverture, remarque Michel Roux, professeur à l'université de Toulouse et spécialiste des Balkans. Mais est-ce le signe que le pouvoir fera des concessions ou est-ce une manoeuvre pour mieux les contrôler, se demande-t-il. Le gouvernement précédent du social-démocrate Branko Crvenkovski comptait déjà des représentants de la minorité albanaise. Mais il avait alors choisi de s'allier avec la plus modérée des formations, le Parti pour la prospérité démocratique (PPD). Cette alliance n'avait pas donné de grands résultats. Les ministres du PPD étaient devenus les otages du pouvoir, affirme M. Roux. Les revendications albanaises restent donc à l'ordre du jour, à savoir une modification de la Constitution qui accorderait aux Albanais le statut de nation constitutive, au même titre que la majorité slavo-macédonienne, la légalisation de l'université en langue albanaise de Tetovo et une représentation proportionnel

le des Albanais dans la fonction publique. Les ministres albanais n'avaient pas, non plus, empêché les forces de l'ordre de réprimer très durement des manifestations d'Albanais, durant l'été 1997, à Tetovo et Gostivar. Les maires albanais de ces deux villes avaient ensuite été condamnés à de lourdes peines de prison. Aujourd'hui, leur libération anticipée n'est pas exclue. Les nouveaux dirigeants pourront-ils aller beaucoup plus loin? Vasil Tupurkovski, le dernier président de la Macédoine yougoslave, qui nourrit des ambitions pour la présidentielle de l'automne prochain, y seraitfavorable. Mais le VMRO n'est pas sur la même longueur d'onde. Les délires anti-albanais ont figuré en bonne place dans la campagne électorale du VMRO, rappelle un diplomate. Son électorat et certains de ses dirigeants défendent une ligne nationaliste. Ils ne comprendraient pas que l'on fasse, tout de suite, des concessions aux Albanais, affirme M. Roux. Pour les Albanais comme pour les Macédoniens, le barbare c'est l'autre. Et ce p

hénomène est entretenu par la crise économique, ajoute-t-il.

EVITER LA CONTAGION

En attendant d'en juger la portée, le geste de la nouvelle majorité a au moins le mérite de ne pas jeter d'huile sur le feu. Car, en plus des tensions intérieures, la Macédoine est fragilisée à ses frontières par l'instabilité chronique de l'Albanie et le conflit au Kosovo. Dès 1992, l'ONU a d'ailleurs déployé quelques centaines de casques bleus dans le cadre d'une force de prévention, la Fordeprenu, prévue pour contenir le conflit qui embrasait, alors, les autres républiques de l'ex-Yougoslavie. En autorisant, le 2 novembre, le stationnement sur son territoire de la force d'extraction chargée, le cas échéant, de venir en aide aux quelque deux mille vérificateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kosovo, le nouveau gouvernement de Skopje démontre sa volonté de se rapprocher de l'OTAN. Cette décision, contestée par Belgrade, traduit le souci de Skopje de limiter les risques de contagion en provenance du Kosovo. Ceux-ci sont réels. Le chef des services secrets macédoniens

, Vlado Popovski, reconnaissait, en septembre, que l'UCK [Armée de libération du Kosovo] dispose d'infrastructures en Macédoine. Il n'y a là rien de surprenant compte tenu des liens familiaux, notamment, qui unissent nombre d'Albanais de part et d'autre d'une frontière inexistante au temps de l'ex-Yougoslavie. C'est le cauchemar de bien des diplomates occidentaux. Selon leur scénariocatastrophe, une intensification des combats au Kosovo entraînerait les Albanais de Macédoine dans la guerre. De même, l'indépendance de la province serbe pourrait signer l'arrêt de mort de la Macédoine en incitant sa minorité albanaise à suivre la voie de leurs frères kosovars. Plusieurs fois, l'UCK a déclaré que l'objectif de sa lutte porte sur la création d'une Grande Albanie qui intégrerait le Kosovo, l'Albanie, une petite partie du Monténégro ainsi que le nord et l'ouest de la Macédoine. Pas besoin d'en arriver là pour ranimer les anciennes prétentions des voisins bulgares et grecs qui n'ont reconnu qu'à contrecoeur l'indépe

ndance de la Macédoine en 1991 et la Turquie entrerait probablement dans le jeu. Ce n'est pour le moment que le pire de tous les scénarios. La communauté internationale oeuvre pour éviter qu'il ne soit mis en scène. L'ouverture du nouveau pouvoir macédonien en direction des représentants albanais du PPDA va dans le même sens.

 
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