Deux bonzes tibétains arrêtés pour avoir tenté d'écrire à Mme Robinson
AFP, 12 janvier 1999
Deux bonzes tibétains ont été arrêtés pour avoir tenté d'adresser une lettre à la Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mary Robinson, lors de sa visite au Tibet en septembre dernier, a indiqué mardi une organisation pro-tibétaine. Selon un communiqué de Tibet Information Network (TIN), un mouvement implanté à Londres, adressé à l'AFP à Pékin, les doux moines du monastère de Drepung, près de Lhassa, ont été arrêtés dans les jours qui ont suivi le départ de Mme Robinson de la capitale du Tibet le 12 septembre. L'un d'entre eux, Ngawang Kyonmed, a été "durement frappé" et emmené au centre de détention de Gutsa à Lhassa. Il aurait été ensuite transféré dans une autre prison, mais TIN reconnaît ignorer sa situation actuelle ainsi que celle de l'autre moine, du nom de Samdrul. Dans leur lettre, les deux moines s'inquiétaient du sort du panchen lama, un garçon de neuf ans choisi par le dalaï lama pour occuper le deuxième rang de la la hiérarchie religieuse tibétaine contre la volonté de Pékin et maintenu en
détention depuis plusieurs années. Ils évoquaient aussi la répression d'une émeute indépendantiste dans la prison tibétaine de Drapchi qui a fait dix morts en mai dernier, selon TIN. Interrogé par TIN, le Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a indiqué cette semaine ne pas avoir reçu de lettre des deux moines. Le commissariat a ajouté que les Nations unies s'enquerraient du sort des bonzes auprès des autorités chinoises. Mme Robinson avait effectué en septembre la première visite en Chine d'un commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. Elle avait pu se rendre au Tibet et s'était également inquiétée auprès des autorités chinoises du sort du panchen lama. Plusieurs dissidents chinois avaient protesté contre cette visite, Mme Robinson n'ayant rencontré en Chine aucun représentant de l'opposition clandestine.