APRS LE REJET DE LA MOTION DE CENSURE CONTRE LA COMMISSION, CERTAINS DÉPUTÉS ANNONCENT QU'ILS CONTINUERONT DEMANDER LA DÉMISSION DE MME CRESSON ET DE M. MARIN
Strasbourg, 15/01/1999 (Agence Europe) - Après le rejet de la motion de censure présentée contre la Commission européenne à l'initiative de M. Fabre-Aubrespy, membre français du groupe de l'Europe des Nations (voir EUROPE d'hier, pages 3 à 6), plusieurs députés ont exprimé en plénière, ou devant la presse, leur mécontentement ou leur satisfaction pour le résultat de ce vote. Ainsi, M. Fabre-Aubrespy, tout en estimant que les 232 voix obtenues par cette motion étaient "un excellent résultat", a dit que le Parlement n'en "sort pas grandi", car "seule l'adoption d'une motion de censure lui aurait fourni un peu de crédit, puisqu'il aurait alors mis pour une fois ses actes en conformité avec ses déclarations". Parmi les autres députés français, Nicole Fontaine, Pierre-Bernard Reymond, André Fourçans, Francis Decourrière, André Soulier et Bernard Lehideux (tous UDF) ont, tout en rappelant qu'ils avaient unanimement refusé, en décembre dernier, la décharge à la Commission, émis des "réserves sur la tentation d'une
sanction immédiate, parfois non dénuée, dans plusieurs pays, de motifs de politique intérieure, et, au niveau du Parlement, d'esprit partisan", à quelques mois des élections européennes et de la fin du mandat de la Commission. En revanche, Jean-Louis Bourlanges, également membre du groupe du PPE, a voté la censure et a déploré que le Parlement ait "décidé par lâcheté, au lieu d'achever la Commission, d'en prolonger le supplice, sans même avoir le courage d'administrer ce supplice" (car ce rôle incomberait au nouveau comité d'experts indépendants). Les élus de Démocratie libérale (qui siègent également au PPE) Thierry Jean-Pierre, Françoise Grossetête, Jean-Claude Bébéhar et Yves Verwarde ont voté eux aussi pour la censure et, dans un communiqué, ont déploré "l'attitude particulièrement choquante de plusieurs Commissaires qui ont cherché, à de multiples reprises, à faire pression sur les parlementaires".
"Quelle Comédie!", s'est exclamé, lors des explications de vote, l'élu de la CSU bavaroise, Bernd Posselt en accusant le groupe socialiste d'avoir réussi à "couvrir ses Commissaires à scandale". Et d'ajouter: "Ce scandale va retomber sur nous tous dans les prochains mois". "Nous voulons une Europe forte. Nous avons besoin d'une Commission forte, et c'est pourquoi nous aurions dû la censurer", a dit la Verte allemande Undine Bloch von Blottnitz. "J'ai voté la censure", a déclaré le libéral français Jean-Thomas Nordmann, en déplorant que "la Commission préfère la tutelle des sages au contrôle du Parlement", et que ce dernier ait "choisi d'abdiquer ses pouvoirs". "C'est ma conviction européenne inébranlable qui m'a fait voter la censure" contre une Commission qui n'a pas su intégrer le rôle politique conféré par les Traités au Parlement européen, a expliqué la libérale belge Antoinette Spaak. Tout en saluant les mérites de Jacques Santer, l'élu de la CSU Otto von Habsburg a dit que c'est à regret qu'il a voté l
a censure, pour sanctionner une Commission à laquelle continue d'appartenir Edith Cresson. "Tout ce qui est exagéré est insignifiant", a estimé en revanche ladémocrate-chrétienne luxembourgeoise Astrid Lulling, en affirmant qu'elle avait voté contre la censure parce que la sanction aurait été exagérée à l'encontre d'une Commission qui a bien fait son travail, comme le montre notamment la mise en place de l'euro. Quant aux socialistes français, ils se sont refusés à utiliser l'arme la plus lourde, mais refusent tout autant d'accorder un blanc-seing à une Commission européenne à la tête de laquelle se trouve "un président faible", voulu, disent-ils par les Britanniques: par notre vote, explique Pervenche Berès, nous avons voulu manifester notre souci d'une lutte déterminée contre la fraude et d'une réforme des institutions consolidant la collégialité de la Commission et renforçant le Parlement.
Dans un communiqué de presse, les radicaux Gianfranco Dell'Alba et Olivier Dupuis ont estimé que ceux qui soutenaient la censure avaient un dessein caché: "déstabiliser cette Commission et en abattre son Président pour faire appel à Helmut Kohl et lui ouvrir la voie à une présidence intérimaire". Le leader des conservateurs britanniques, Edward McMillan-Scott, a déclaré que "Pauline Green et son groupe ont voté pour un blanchiment de la fraude européenne et pour couvrir la corruption à Bruxelles", malgré ce vote, les conservateurs continueront à réclamer la démission de Mme Cresson et de M. Marin, a-t-il dit. "Même si M. Santer a formellement survécu au vote, il préside désormais une Commission-zombie", a estimé Manda Aelvoet, présidente du groupe des Verts, qui ne voit pas comment ce "mort-vivant" pourra faire face aux grands défis qui s'annoncent. Regrettant le résultat de ce vote, les chefs de file de la CDU, Günter Rinsche, et de la CSU, Ingo Friedrich estiment scandaleux que les Commissaires Cresson et
Marin puissent rester en fonction.