QUESTION ORALE H-1248/98
pour l'heure des questions de la période de session de janvier 1999 posée conformément à l'article 41 du règlement par Olivier Dupuis au Conseil
Objet: Kosovo
La non-implication directe des Albanais du Kosovo dans les négociations dites Holbrooke-Milosevic et, plus encore, la multiplication, ces derniers jours, par les autorités yougoslaves et serbes, d'actes criminels à l'encontre des populations tant serbes qu'albanaises du Kosovo et de menaces à l'encontre des observateurs de l'OSCE laissent présager le pire pour les mois et même les semaines à venir au Kosovo. Dans un tel contexte, le Conseil n'estime-t-il pas indispensable et urgent d'inscrire à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, par le truchement des États membres qui y sont représentés, la question de l'inculpation de M. Slobodan Milosevic devant le tribunal pour les crimes commis en ex-Yougoslavie, d'intensifier la collaboration entre les Etats membres et le tribunal en matière de collecte de preuves sur les agissements des autorités serbes et yougoslaves au Kosovo, de procéder dans les plus brefs délais à la reconnaissance officielle de l'Armée de libération du Kosovo et de mettre s
ur pied une station radio de l'Union transmettant 24 heures sur 24 tant en serbe qu'en albanais sur tout le territoire de la République fédérative de Yougoslavie?
Dépôt: 21.12.1998
fr
HEURE DES OUESTIONS DE JANVIER 1999
Réponse à la question 28 (H-1248/98) de Olivier Dupuis
Le Conseil partage la déception de l'honorable Parlementaire à l'égard de l'aggravation de la situation au Kosovo. Il condamne de la manière la plus ferme les responsables des derniers incidents. Il a invité le gouvernement de Belgrade à examiner sans retard ces incidents et appelé toutes les parties concernées à coopérer pleinement avec le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie dans le cadre de l'examen des violations du droit qui relèvent de la compétence de celui-ci.
La responsabilité des causes de la crise au Kosovo incombe en premier lieu à Belgrade. Les Albanais du Kosovo d'une manière générale et l'UCK en particulier ont cependant contribué à empêcher que ne s'ouvrent d'importantes négociations qui pourraient ouvrir la voie à une solution pacifique, telle que la souhaite la Communauté internationale, c'est-à-dire fondée non sur l'indépendance, mais sur une large autonomie du Kosovo dans la république fédérale de Yougoslavie.
La démarche proposée par l'honorable Parlementaire (accusation de Milosevic, reconnaissance de l'UCK qui, bien qu'elle ait elle-même annoncé un armistice, ne renonce pas à son objectif quiconsiste à obtenir l'indépendance par la force) serait sans doute moins de nature à favoriser les retrouvailles des deux parties, indispensables pour une solution pacifique, que l'extrêmisme, à savoir une escalade des hostilités et l'extension de l'instabilité dans toute la région.
Les Albanais du Kosovo doivent saisir la chance offerte par le fragile armistice actuel pour parvenir à un accord intérimaire qui leur permettrait de déterminer eux-mêmes beaucoup plus largement leur destin. L'UE s'efforce, avec les États-Unis et d'autres pays, d'obtenir qu'il n'y ait qu'une seule équipe de négociateurs Kosovars-Albanais, dans laquelle toutes les tendances sont représentées, afin de garantir que les Kosovars participent effectivement au processus de négociation. La pratique actuelle des contacts informels avec "l'aile politique" de l'UCK, parallèlement aux contacts avec M. Rugova en tant que seul leader élu des Albanais du Kosovo sert cet objectif qui doit être absolument atteint, si l'on veut confronter sérieusement à la réalité la volonté affirmée par la Yougoslavie d'accorder l'autonomie au Kosovo.
D'ailleurs le Conseil partage pleinement l'idée implicitement défendue dans sa question par l'honorable Parlementaire, selon laquelle une information indépendante, objective sur place revêt une importance déterminante pour le soutien à l'accord intérimaire pour le Kosovo et faciliterait l'acceptation et le soutien de cet accord par les responsables politiques. Le chargé d'affaires spécial de l'UE poursuit actuellement ses efforts en faveur d'une stratégie d'information et les États membres ont été invités à proposer à leurs médias de diffuser davantage d'informations vers la Serbie et à intensifier leurs contacts avec des représentants des médias serbes indépendants. Le Conseil tient à rappeler qu'en 1998 10 m d'écus ont été attribués au soutien des médias indépendants dans l'ex-Yougoslavie, dont 6 millions étaient destinés au BRJ. Dans le cadre de la future stratégie d'information de l'UE, il conviendra d'envisager de toute manière la création d'une station de radio par l'OSCE et d'un centre spécial des méd
ia de la mission de vérification au Kosovo.