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Partito Radicale Centro Radicale - 27 gennaio 1999
Kosovo/Serbie/Milosevic

LE KOSOVO N'INTERESSE PAS MILOSEVIC

Milosevic ne cherche pas du tout à contrôler le berceau historique de la nation serbe. Il tient à conserver son pouvoir à Belgrade.

par Alain Destexhe*

Libération, mardi 26 janvier, 1999

Et si l'objectif de Milosevic était de pousser les Occidentaux à accepter ce dont ils ne veulent à aucun prix, l'indépendance du Kosovo? Dans les capitales européennes, on tient pour acquis que Milosevic veut préserver le Kosovo, berceau historique de la nation serbe, au sein de ce qui reste de la Yougoslavie. Depuis 1989, il a cependant démontré qu'il n'avait qu'un seul projet politique: conserver le pouvoir par tous les moyens.

Dans ce but, il a successivement sacrifié les Serbes des Krajina et de Slavonie, ainsi que ceux de Bosnie vivant hors de la Republika Srpska. Aujourd'hui, le sort du territoire et des Serbes du Kosovo lui importe peu si cela lui permet de garder le pouvoir à Belgrade, tout en se désengageant d'un conflit coûteux.

Les gouvernements de l'Otan doivent accepter quelques constats désagréables. Le premier est que le Kosovo n'est pas la dernière cartouche de Milosevic. Il dispose encore d'une série de cartes: le Monténégro, le Sandjak (où vit une importante minorité musulmane), la Voïvodine et la Macédoine. Il peut partout reproduire le même scénario déstabilisateur: Milosevic a le temps. Le second est que le président yougoslave a toujours su se rendre incontournable: pour faire la paix avec la Croatie, puis en Bosnie, demain au Kosovo, après demain au Sandjak. Loin de voir en lui le principal problème des Balkans, les Occidentaux le perçoivent toujours comme la solution du problème. Milosevic s'est parfaitement prêté à ce jeu, maniant habilement la tension et l'apaisement. Le troisième est qu'à force de lui faire confiance la communauté internationale reproduit les mêmes erreurs qu'en Bosnie: des vérificateurs impuissants sur le terrain, l'Otan paralysée par la crainte de la prise d'otages. A Paris, on n'a pas de mots ass

ez durs pour fustiger l'UCK. Toute riposte à l'agression serbe étant censée faire le jeu de l'UCK, il convient de ne rien faire afin de ne pas favoriser l'indépendance. Car, de l'indépendance, on ne veut à aucun prix. Les Kosovars sont censés vivre, au mieux avec un statut d'autonomie, à l'ombre de la Serbie de Milosevic. Pourquoi l'accepteraient-ils? Pourquoi empêcher 90 % d'Albanais de devenir indépendants, alors que ce droit a été reconnu aux Croates et aux Slovènes? L'éclatement de l'ex-Yougoslavie n'a-t-il pas créé un précédent? Balayée d'un revers de la main au nom de la stabilité de la Macédoine et de la Grèce, la revendication de l'indépendance n'a jamais fait l'objet d'une analyse politique et juridique rigoureuse. Avec le récent massacre, Milosevic fait monter les enchères avant l'offensive de printemps de l'UCK. Il rappelle ainsi à l'Europe et à Washington que le statu quo n'est pas tenable. Pour ces derniers, toutes les options comportent des risques énormes: soit ils acceptent un déploiement imp

ortant de troupes sur le terrain, soit ils favorisent l'indépendance.Milosevic les pousse-t-il dans cette dernière direction afin de rouvrir le dossier - beaucoup plus important que le Kosovo - des Serbes de Bosnie dans une grande négociation, à un moment où le processus de Dayton est bloqué? A Belgrade, depuis plusieurs mois, toute propagande visant à conserver le Kosovo a cessé, la presse est sous contrôle et les plus extrémistes que Milosevic, comme Seselj ou Arkan, ont été cooptés par le régime. En Serbie, Milosevic a les mains libres. Il n'y a qu'un moyen de rompre cette logique machiavélique qui fait toujours plus de victimes et où le droit et la morale sont toujours perdants: se débarrasser de Milosevic. Cela peut prendre du temps, mais il n'est pas trop tard pour commencer en arrêtant toute négociation, tout contact politique, économique et diplomatique, et en entrant avec résolution dans un scénario de confrontation. Depuis le début des guerres yougoslaves, les rares fois où le dernier dictateur d'E

urope a rencontré une résistance sérieuse, il s'est incliné. En attendant, il reste entièrement maître du jeu.

Alain Destexhe est président de l'International Crisis Group.

http://www.crisisweb.org

 
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