GUERILLA SEPARATISTE EN CHINE
Les musulmans du Xinjiang multiplient les attentats.
par R.F. avec Reuter
Libération, le 3 janvier 1999.
La guérilla séparatiste musulmane continue de prendre de l'ampleur dans la région du Xinjiang (Turkestan chinois). Les militants séparatistes musulmans de ce vaste territoire, situé à l'ouest de la Chine, ont perpétré quinze attentats à la bombe l'an dernier, a affirmé hier la presse officielle chinoise, qui d'habitude se garde de rapporter ce genre d'information. Des responsables militaires chinois ont également affirmé, dans les colonnes du Quotidien légal du Xinjiang, avoir neutralisé un camp d'entraînement terroriste fin 1998. Ce raid se serait soldé par 60 arrestations. L'armée chinoise assure, en outre, avoir démantelé un réseau de trafiquants d'armes et avoir récupéré des centaines de véhicules. Nous nous démenons chaque jour, chaque saison et chaque année pour combattre les séparatistes ethniques et les terroristes, déclare au même quotidien le chef de la police de Kashgar, Chen Zhuangwei. Cette ville, l'une des plus importantes du Turkestan chinois, est proche de la frontière avec le, Kazakhstan, l'
Afghanistan et le Pakistan, par où transitent denrées et armes. Le Xinjiang, appelé Région autonome par la Chine, est peuplé en majorité d'Ouïghours turcophones et d'autres ethnies musulmanes (Kazakhs, Ouzbeks ... ). Province chinoise depuis 1884, le Xinjiang est le théâtre, depuis le début des années 90, de rébellions, d'émeutes et d'attentats visant les Chinois. Depuis l'indépendance des Républiques ex-soviétiques, la majorité ouïghoure du Xinjiang se prend à rêver du rétablissement du Ouïghourstan, qui a existé sous le nom de république islamique du Turkestan oriental en 1933-1934, puis en 1944-1949 sous l'appellation de république du Turkestan oriental. En février 1997, à Yining, une émeute antichinoise a fait une centaine de morts (officiellement, neuf). La zone de Yining - où les observateurs étrangers, et notamment les journalistes, ne peuvent pas se rendre - est loin d'être pacifiée depuis lors, de l'aveu même des autorités. Lors d'un symposium sur la sécurité au Xinjiang, qui s'est tenu le 17 janvie
r, celles-ci ont qualifié la situation de guerre contre l'ennemi intense et difficile. Le chef de la police de Kashgar, cité par le Quotidien légal du Xinjiang , reconnaît que la lutte contre les séparatistes ne peut se concevoir que sur le long terme.