SÉANCE DU JEUDI 11 FÉVRIER 1999
Dupuis (ARE). - Madame le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues, je pense que nous devons féliciter Mme van Bladel pour son rapport. Il est évident que l'Union européenne a fait beaucoup d'erreurs à l'égard de l'Albanie et que ce n'est pas avec ce prêt de 20 millions d'euros que nous changerons fondamentalement la situation. Cela dit, ce prêt donnera un peu d'oxygène à M. Majko qui fait des efforts titanesques mais dispose d'une marge de manoeuvre très réduite.
C'est l'attitude générale de l'Union européenne à l'égard de l'Albanie qui est en accusation. Nous assistons à une extension des phénomènes de criminalité, encouragés en fin de compte par l'Union européenne. Cette dernière devrait avoir une politique beaucoup plus audacieuse. Il faudrait établir - comme le font les amis grecs d'une certaine façon, mais certainement pas les autres pays, à commencer par l'Italie - des quotas d'émigration très généreux pour casser les mafias qui se nourrissent du trafic de main d'oeuvre et d'autres trafics, comme la drogue.
Il faudrait ouvrir généreusement nos universités en accordant des milliers de bourses d'études aux Albanais. Des dispositions sont nécessaires pour faire obstacle à la montée en puissance d'un contre-pouvoir face aux autorités légales d'Albanie, pour éviter les pyramides financières, les situations d'instabilité politique générale, malgré la bonne volonté et l'intelligence des dirigeants albanais actuels. En l'absence de telles mesures, l'Albanie perdra encore de nombreuses années.
J'invite donc le vice-président de la Commission en particulier, et la Commission, à insister auprès des États membres pour que les régularisations n'interviennent pas après coup, comme aujourd'hui en Italie où 250.000 personnes ont été régularisées - en attendant les mafias de l'émigration ont encaissé les prébendes. Qu'on intervienne plutôt avant en établissant des quotas dans tous les pays de l'Union européenne. Je pense que si l'effort était réparti sur l'ensemble de l'Union, il ne pèserait pas très lourd, et c'est ce qu'il faut faire pour aller au coeur du problème.