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Partito Radicale Centro Radicale - 30 marzo 1999
Kosovo/Otan/attitude des occidentaux
EDITORIAL

Sauver la face

Par SERGE JULY

Libération, le lundi 29 mars 1999

Slobodan Milosevic est l'un des porte drapeau planétaire de la purification ethnique, qui loin de disparaître se développe à nouveau dans le monde. Depuis son arrivée au pouvoir à Belgrade, sa dictature ultranationaliste aura provoqué quelque 300 000 morts dans l'ancienne fédération yougoslave, et jeté sur les routes des millions de réfugiés. Si stopper la purification ethnique en Europe, si empêcher une nouvelle catastrophe humanitaire, sont des objectifs amplement justifiés, si le recours à la force est à cet égard également légitime, la stratégie politico-militaire mise en oeuvre est cependant sujette à caution. A certain égards, elle est pathétique. L'opération euro-américaine, bardée de bonnes intentions, est en train de tourner à l'envers, à l'image de ce bombardier furtif F-117, réputé indétectable et invulnérable, et sans doute abattu au dessus de la Serbie. Les raids aériens voulaient sauver, in extremis, les Albanais du Kosovo d'une Saint-Barthélémy programmée: ils ont précipité massacres et exode.

L'usage de la force se juge non seulement à ses intentions, mais à ses effets et à ses résultats.

Militairement, l'échec est déjà murmuré. La »phase 1 des raids était censée détruire les défenses antiaériennes pour matérialiser une nouvelle menace vis à vis de la Serbie, celle d'envoyer des avions d'attaque au sol capables de détruire les blindés, les batteries, les colonnes militaires. Les Serbes ont évité d'utiliser leur DCA et leurs missiles pour garder en grande partie intacte leur capacité de riposter, et rendre plus vulnérable l'aviation américano-européenne. Pour mettre ses menaces à exécution, l'alliance va devoir prendre des risques, ceux de ses pilotes, qui vont devenir autant de risques politiques. Politiquement, la menace n'a pas eu les effets escomptés. Slobodan Milosevic, après cinq jours de raids, non seulement n'a pas cédé comme les Européens le croyaient, non seulement il a gardé l'essentiel de son potentiel militaire alors que l'équipe Clinton croyait à sa destruction rapide, non seulement il a rassemblé les Serbes victimisés derrière lui, mais en plus il a précipité les massacres au K

osovo et déclenché la chasse aux Kosovars. Une stratégie politico-militaire susceptible de stopper les purificateurs ethniques s'impose plus que jamais. Mais pour l'instant, cette stratégie est invisible, sinon introuvable. L'improvisation aura sans doute présidé au déclenchement de ces raids. L'opération »Force déterminée condense toutes les contradictions des politiques américaines et européennes en cette fin de siècle. Ni l'Alliance atlantique, ni l'Union Européenne n'ont véritablement de stratégie pour gérer les conflits régionaux de l'après guerre froide. Ils opèrent au coup par coup. La question bosniaque n'a pu se régler en 1995, après plusieurs années de retard, qu'après l'armement massif des Croates qui sous protection aérienne, ont remporté une victoire militaire sur les Serbes de Bosnie. Ce n'est pas le cas aujourd'hui avec l'UCK, qui ne fait pas le poids face aux bandes de massacreurs serbes. L'OTAN et l'alliance euro-américaine vont intensifier les raids et prendre des risques, le temps de trou

ver une sortie diplomatique d'urgence. L'issue de cette invraisemblable situation se trouve sans doute dans une adaptation des accords de Rambouillet: la province du Kosovo destinée à devenir autonome serait redessinée et fortement réduite. C'est à cette réduction forcée que procèdent les para-militaires serbes en »nettoyant l'ouest du Kosovo. Milosevic pourra alors reprendre les négociations. En vainqueur. Nul doute que les uns et les autres vont travailler à cette solution appelée à sauver la face de Belgrade et de l'Otan. Sans pour autant accorder au Kosovo une indépendance qu'aucun dirigeant européen ne souhaite. Les raids vont donc continuer... le temps que les Serbes aient achevé la recomposition de la province. Les Occidentaux pourront toujours plaider qu'ils ont fait triompher le droit des minorités. La vérité sera toute autre: une terrible impuissance à s'opposer à la purification ethnique. Le précédent risque de devenir exemplaire dans la région, mais aussi dans le monde. Un exemple sinistre.

 
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