COMBIEN VAUT UNE VIE AU KOSOVO?
Par Afrim Djombalaj
La Libre Belgique, vendredi 2 avril 1999.
Combien vaut aujourd'hui une vie au Kosovo? Pour Milosevic, Arkan et les autres criminels en mission commandée: 200 DM, parfois plus. Très souvent rien. Le prix d'une balle tirée dans la nuque.
Pour les "Occidentaux"? Sauriez-vous répondre ? Moi je ne sais plus. Ou plutôt je sais. Trop. 100 vies au Kosovo, 1.000 vies, 100.000 vies ne valent pas une vie d'un soldat... occidental. Le retour du temps de nos grands-pères. Le temps de Munich. Le temps de la démission devant le monstre avec l'illusion de pouvoir le contenir. Notre temps aussi. Celui des années de démission face aux horreurs quotidiennes de Vukovar, Sarajevo, Srebrenica, Tuzla... Les temps de l'équidistance, du pacifisme "plutôt rouges, plutôt noirs que morts" hier, "plutôt rouges-noirs, noirs-rouges" que morts aujourd'hui. Comme si nous n'avions rien compris, comme si vous n'aviez rien compris. De nouveau les mêmes refrains: "il faut comprendre les raisons des uns et des autres". Des victimes et des... bourreaux, dés massacrés et des massacreurs. Réfléchir, laisser sa chance à la 'diplomatie", aux "négociations", au bon sens des uns et, des autres ... Et pour chaque heure, chaque minute qui passe, le seigneur de la guerre, le criminel ps
ychopathe qui règne sans partage à Belgrade sur 12 millions de sujets, de personnes sans droits, Serbes, Kosovars, Monténégrins, pousse ses pions, ordonnant directement à ses sbires de nouveaux assassinats, de nouveaux massacres, de nouvelles destructions, de nouveaux exodes. Rien de nouveau, sinon de nouvelles morts, de "nouveaux" morts.. Et une nouvelle fois l'Europe de la démission, l'Europe unie dans la honte. L'Europe prête à un nouveau Munich, à un nouveau Dayton. Et nous, sans nouvelles de nos pères, de nos mères, de nos frères et soeurs, que pouvons-nous faire sinon nous raccrocher à un espoir, fou sans doute, qu'il y aura, in extremis, chez les citoyens européens un sursaut de dignité et, aussi, chez les responsables politiques européens, un sursaut d'intelligence politique. La compréhension, finalement, que le monstre se terre à Belgrade, qu'il faut, sans perdre une minute, mobiliser toutes les forces disponibles, politiques mais surtout militaires, aériennes mais surtout terrestres, pour bloquer,
immédiatement, l'entreprise génocidaire en cours au Kosovo. Et, ensuite, sans perdre une minute, remonter jusqu'à Belgrade, pour libérer le Kosovo, la Serbie, les Balkans, l'Europe , le monde, de ce cancer. Pour empêcher qu'il continue à produire ses métastases. Pour abattre ce régime national-communiste. Pour neutraliser définitivement ce dictateur sanguinaire. Pour l'envoyer à La Haye, devant le Tribunal international, pour qu'il y réponde de ses agressions d'hier et d'aujourd'hui, à l'encontre de la Croatie, de la Bosnie et du Kosovo. De ses crimes, de tous ses crimes. N'en déplaise aux prudences, aux tergiversations de Madame Louise Arbour...