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Partito Radicale Centro Radicale - 7 aprile 1999
Kosovo/Europe

L'Europe devra reconnaître l'indépendance du Kosovo.

Pour une action militaire

Par RONY BRAUMAN, ALAIN FINKIELKRAUT, JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD ET PAUL THIBAUD

Rony Brauman est président honoraire de Médecins sans frontières; Alain Finkielkraut, philosophe; Jean-Claude Guillebaud, journaliste; et Paul Thibaud, philosophe.

Libération, mercredi 7 avril 1999

Au Kosovo, devant l'entreprise odieuse et folle d'éliminer un peuple, l'intervention des Etats européens doit être à la hauteur de ce qui est indispensable, matériellement, moralement, politiquement. Cela veut dire maintenant: action militaire, puisque, pour les négociations, il est ou bien trop tard (elles ont échoué) ou bien trop tôt, puisqu'il faut d'abord - avant la souhaitable conférence sur les frontières dans la zone des Slaves du Sud - arrêter Milosevic, l'empêcher de régler les choses à sa manière. Cette action militaire ne doit pas être une forme de protestation ou d'assistance, mais une politique, un moyen de régler la situation, de créer les bases d'une solution juste.

Pour cela, il faut quitter deux ornières:

- D'abord, l'ornière des seules frappes aériennes. Celles-ci, à quoi l'Otan réduit jusqu'à présent son action, n'ont pas fait céder Milosevic. On les justifie maintenant par la destruction de l'appareil militaire serbe. Mais cet objectif en principe rationnel risque de conduire à quelque chose de moralement détestable: une politique de la terre brûlée en Serbie. Il est clair qu'il faut changer de moyens militaires et que les Européens devraient en prendre l'initiative.

- Ensuite, l'ornière du juridisme international. En Bosnie, on n'est parvenu qu'à un résultat précaire et artificiel en y projetant un multiethnisme et un postnationalisme sans rapport avec l'état des esprits. Au Kosovo, c'est l'obsession morale de punir Milosevic qui aveugle. Les juristes le cherchent, les avions le visent, pour ses crimes passés et présents. Les politiques, eux, devraient s'occuper d'abord de l'avenir, en soutenant les victimes du tyran, en contrant ses entreprises, en réglant contre ses voeux la situation, en conduisant les Serbes à ne plus s'identifier à leur dirigeant. Les bombardements dont Milosevic est la cible symbolique ont un triple inconvénient: ne pas arrêter l'épuration ethnique; ne pas empêcher Milosevic d'espérer qu'il conservera une partie de sa proie; resserrer les Serbes autour de lui. Une autre action est possible qui permettrait de délégitimer le chef serbe, d'appuyer les Kosovars, de régler la question du Kosovo; les Européens doivent l'entreprendre. - L'essentiel est d

e passer à l'action sur le terrain, celle qui romprait avec le style »archangélique , et indécent, d'une guerre sans morts pour nous, où les Américains s'enferment et nous enferment. Dès maintenant, en attendant la mise en place d'un corps expéditionnaire suffisant pour tenir le Kosovo, on peut aider et armer les Kosovars, créer, défendre, étendre une zone refuge à partir de l'Albanie et de la Macédoine, agissant comme soutien des troupes au sol. Mais cette intervention doit clairement avoir pour but la mise en oeuvre de l'indépendance du Kosovo, sans perspective de partage ni d'intégration à la Yougoslavie. La reconnaissance par les Européens de cette indépendance est indispensable pour que leur engagement apparaisse définitif, qu'on voie bien que la solution ne passe pas par Milosevic. Milosevic a deux moyens de couvrir sa brutalité et d'en tirer parti: la souveraineté yougoslave et le besoin de son consentement pour régler les problèmes de frontières. L'usage qu'il fait de la première est tel qu'on ne peu

t plus s'y arrêter. Il faut aussi le priver du second atout en ne faisant plus de lui l'acteur essentiel sur qui on »fait pression , en créant un fait accompli contraire à ses plans. Pour préserver l'instrument de leur tutelle sur l'Europe, les Américains limitent à ce qu'ils peuvent assumer (et qui est évidemment insuffisant) l'intervention de l'Otan au Kosovo. Voilà pour les Européens une occasion de s'émanciper non par ressentiment ou en cultivant l'ingratitude mais par nécessité, par devoir envers eux-mêmes, non pas en traînant les pieds comme des clients rétifs mais en prenant les choses en main. Sont-ils capables d'un tel geste d'autonomie fondatrice? Nous sommes de ceux qui ont critiqué (nous critiquons encore) la manière dont l'Union européenne s'est faite, par contournement et abaissement des nations, par destruction non par création de volonté politique. L'actualité ne nous donne pas tort. Mais si l'Union européenne saisit l'occasion qu'elle a de se légitimer dans l'action, nous l'appuierons sans h

ésiter, quitte à continuer à discuter son style institutionnel. La volonté d'Europe, la volonté que l'Europe s'affirme, est le critère pour choisir entre les diverses formes d'Europe.

 
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