Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
ven 11 lug. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Conferenza Partito radicale
Partito Radicale Centro Radicale - 7 aprile 1999
Kosovo/témoignanges de réfugiés

Le Monde du 7 avril 1999

A Tirana, des réfugiés témoignent des maisons brûlées, des marches forcées et des cadavres..

REPORTAGE

Des récits encore trop parcellaires pour pouvoir dresser un bilan

TIRANA de notre envoyé spécial José-Alain Fralon

Slobodan Milosevic doit envier Joseph Staline, qui pouvait se permettre, en moins de deux jours, de déporter tous les Tatars de Crimée au Kazakhstan et tous les Kalmouks vers la Sibérie. Pour vider le Kosovo de ses habitants albanais, le dictateur serbe a dû employer tous les moyens : la pression psychologique, la peur, la force, la ruse. Il a fait brûler des maisons. Il a fait vider des villages. Il a obligé les Albanais à se cacher dans les campagnes pour les débusquer quelques jours après. Et puis, il a fait tuer. Combien de victimes ? Pour l'instant, il est impossible de déterminer l'ampleur des tueries. Le drame est loin d'être terminé. Qui peut dire ce qui se passe en ce moment dans les villages qui ont abrité des militants indépendantistes et qui n'ont pas encore été » nettoyés ? Les témoignages des réfugiés sont encore trop parcellaires pour pouvoir dresser un bilan, même provisoire. Dans certaines régions, l'intimidation a suffi aux milices serbes pour pousser les Kosovars à partir. Dans d'autres,

elles ont recouru à la violence. Les habitants de nombreuses zones n'ont pas encore franchi la frontière et n'ont donc pas pu raconter ce qui s'est réellement passé chez eux.

EXORCISER LA PEUR

Traumatisés par les semaines de calvaire qu'ils viennent de vivre, certains réfugiés ont aussi tendance à confondre la réalité et l'image qu'ils se sont faits de cette réalité. Qui pourrait leur jeter la pierre et les accuser de » falsifier l'histoire , alors qu'ils ne font qu'exorciser la peur qui les a pris au ventre pendant des semaines ? Nous avons rencontré, au hasard, huit réfugiés et leurs familles dans un des centres d'accueil de Tirana. Ils racontent ce qu'ils ont sûrement vu, ce qu'ils ont entre-apercu, ce que leurs amis ont dit avoir vu.

Sali, 45 ans, agriculteur : » Il n'y a pas eu de massacre chez nous. Mais, j'ai entendu dire qu'ils avaient tué 80 personnes dans un village voisin. Ils les ont tués, et, après, ils les ont brûlés .

Kastrati, professeur, 40 ans : » J'ai vu les corps de sept personnes qui ont été tués dans mon village. Les Serbes nous avaient prévenu la veille : partez, sinon vous serez tués. Sept personnes, trois vieilles femmes et quatre hommes, n'ont pas accepté de partir. Le lendemain, quand nous sommes revenus de la montagne, les maisons avaient été brûlées et nous avons découvert les sept corps. Nous les avons mis dans des couvertures et nous les avons enterrés. Je les connaissais. Si vous voulez, je peux vous donner leurs noms.

Memet, 38 ans, paysan : » Ils ont d'abord mis les tanks autour des villages et ils ont bombardé. Nous avons pu partir sauf quatre personnes, trop vieilles, qui sont restées. Quand nous sommes revenus, elles étaient mortes.

Beissa, lycéenne : » Ils nous ont fait marcher pendant des heures, et, après, pour nous fatiguer, ils nous ont fait revenir à notre point de départ. On nous a dit qu'un vieux n'avait pas pu suivre et était resté sur le bord de la route, presque mort. On est passé dans un village et on a vu des morts, par terre. On ne sait pas combien, car c'était trop triste et on a tourné la tête.

Bajram, 70 ans, retraité : » Le 27 mars, j'ai vu deux femmes tuées devant leurs enfants. Une jeune et une vieille. ( ) Je n'étais pas là mais j'ai entendu les coups de feu. Moi, les Serbes m'ont mis un couteau sur la gorge et m'ont battu pendant deux heures. Puis, ils m'ont dit de partir et ils m'ont tiré dessus. Ils m'ont raté. Peut-être voulaient-ils uniquement me faire peur. On m'a aussi dit qu'ils avaient tué un maître d'école devant ses enfants.

Isuf, 50 ans, chauffeur : » J'ai vu des colonnes de cadavres dans les rues. Prés de 100 personnes. ( ) Peut-être pas cent, mais au moins dix. Je passais très vite, alors je n'ai pas fait très attention. Ma s ur m'a aussi dit qu'ils avaient assassiné un cheikh très connu chez nous, cheikh Zenel Dervish Dana.

Ibrahim, 40 ans, menuisier : » J'ai vu un camion transportant une cinquantaine de cadavres d'enfants qui passait en dessous de chez moi (..) Oui, je crois que c'étaient des enfants, même si nous étions assez loin de la route. Je ne suis pas vraiment sûr du chiffre mais il y en avait beaucoup ( ) Après, il y avait du sang sur le trottoir.

Collaku, 35 ans : » Nous sommes arrivés en voiture et nous avons vu trois cadavre sur la route .

Parce qu'il faut du temps pour » oublier ses morts et la douleur de ses morts , la mémoire collective d'un peuple dira un jour le chiffre des martyrs du Kosovo.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail