Session Plénière, mercredi 14 avril 1999
Déclaration du Conseil sur la situation au Kosovo - Interventiond'Olivier Dupuis
Dupuis (ARE). Monsieur le Président, je crois que nous pouvons constater que, finalement, depuis quelques jours, l'esprit de Munich souffle un peu moins sur notre Assemblée. Ce n'était pas le cas il y a encore un mois. Finalement, suite au développement de la situation, on affronte la situation et on ne fait pas, comme le dit Mme Alvoet, semblant de ne pas voir que le problème de l'ONU n'est pas créé par le Kosovo et qu'il existait avant la question du Kosovo. Nous connaissons le pouvoir de veto qui existe au sein du Conseil de sécurité et nous savons que certains Etats y recourent sans cesse pour bloquer toute initiative de la communauté internationale. Il n'y avait pas d'alternative, Madame Alvoet, à l'intervention de l'OTAN. C'est malheureux, j'en conviens, mais c'est la réalité.
Je voudrais dire à M. Pasty, que je le trouve optimiste. En considérant que M. Milosevic est suicidaire, on lui fait encore trop d'honneur. C'est refuser de comprendre que sa poitique est une politique scientifique, celle qu'il mène encore aujourd'hui et dont il a la pleine initiative.
J'ai beaucoup de doutes et je suis très sceptique sur le projet allemand. Le projet allemand sera utilisé par M. Milosevic pour retirer peu a peu ses troupes jusqu'à l'endroit où il vaudra bien, pour finalement aboutir à une situation que nous avons dénoncée dès le mois d'août: un partage du Kosovo, un partage dont il sortira vainqueur, un partage qui lui permettra d'annexer 40% ou 50% du territoire du Kosovo, où sont situés, par hasard, quelques monastères, mais sourtout des endroits beaucoup plus riches, comme des mines. Il annexera cette partie et, dès ce moment, il refusera de reculer et la communauté internationale, lassée par les efforts des longues semaines d'intervention, signera, comme elle l'a fait à Dayton, la victoire de M. Milosevic. Elle lui attribuira, comme elle l'a fait à Dayton, avec la moitié du territoire de la Bosnie, 50% du teritoire du Kosovo, évidemment absolument nettoyés de toute présence kosovare.
C'est le risque devant lequel nous nous trouvons. Je crois que nous devons l'avoir bien à l'esprit. Nous connaissons les resources intellectuelles, criminelles de M. Milosevic. Nous savons qu'il est capable de tout. Il l'à démontré encore. Il n'avait plus besoin de le démontrer pour moi, mais je crois que la démonstration était nécessaire pour de nombreux collègues, afin qu'ils ouvrent enfin les yeux. Je crois que nous devons continuer à les tenir bien ouverts et, en attendant, à travailler pour qu'il puisse être inculpé devant le Tribunal de La Haye, parce qu'il n'est plus un interlocuteur politique depuis longtemps. Il est vraiment temps que la communauté internationale s'en rende compte.