Par Andrew Gray
PRISTINA, 28 aout - Le ministre des Affaires Etrangères du gouvernement
autoproclamé du Kosovo demande aux pays occidentaux d'envisager une action
militaire pour obtenir la libération des Kosovars albanais prisonniers de
la Serbie.
Dans une interview accordée samedi à Reuters, Bardhyl Mahmuti juge
également que la communauté internationale doit s'engager plus activement
dans la chasse aux criminels de guerre si elle veut rétablir le calme au
Kosovo.
"Ces deux facteurs compliquent considérablement la situation en terme de
restauration d'une véritable stabilité intérieure", dit-il.
"Les Serbes reculent toujours devant la pression. Cela a été le cas au
Kosovo. Il existe différentes façons de faire pression sur eux. Il y a meme
la possibilité d'une attaque, d'une reprise des attaques aériennes. Après
tout, ce sont les frappes aériennes qui ont forcé Milosevic à se rendre".
Selon les Kosovars albanais plus de 7.000 personnes ont disparu pendant la
guerre du Kosovo et une grande partie d'entre elles seraient détenues en
Serbie. Ce problème a provoqué vendredi une manifestation à laquelle s'est
joint l'administrateur des Nations unies, Bernard Kouchner.
Quant aux criminels de guerre, Bardhyl Mahmuti juge qu'il est grand temps
que la Kfor passe aux actes.
"De nombreuses personnes sont impliquées. Elles sont partout au Kosovo. Il
y a deux mois et demi que l'Otan a pénétré au Kosovo, que la Kfor est au
Kosovo et nous n'avons vu aucun résultat", explique-t-il.
"Il est impossible d'appeler au calme des gens qui ont souffert de tant de
violences si les criminels de guerre ne sont pas arretés".
Après avoir passé la plus grande partie des années 80 en prison, Bardhyl
Mahmuti a vécu en Suisse et est devenu un des principaux porte-parole de
l'UCK.
Il a fondé le mois dernier un parti politique, le Parti de l'Union
démocratique, auquel se sont ralliés plusieurs chefs militaires de l'UCK .
Bardhym Mahmuti est ainsi devenu un des dirigeants les plus en vue de la
communauté albanaise. Cela lui a permis d'etre nommé jeudi ministre des
Affaires Etrangères du gouvernement provisoire dirigé par Hashim Thaqi.
Dans l'attente d'élections qui pourraient avoir lieu l'an prochain, ce
gouvernement n'est pas officiellement reconnu par les gouvernements
occidentaux ou l'ONU mais ses membres sont consultés par les responsables
internationaux.
Interrogé sur ce statut particulier, le ministre des Affaires Etrangères
kosovar a dit sa certitude de parvenir à se faire entendre dans les
capitales occidentales.
"Les gouvernements engagés dans cette crise et dans le règlement de cette
crise doivent se rendre compte que rien ne se fera au Kosovo sans l'accord
de la communauté albanaise", a-t-il dit. /JPC