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Partito Radicale Centro Radicale - 30 agosto 1999
Angola/Libération: Interview à Jonas Savimbi

Jonas Savimbi, chef de la rébellion angolaise

IL N'Y A PAS DE SOLUTION MILITAIRE

Sans soutien extérieur, les rebelles dominent les deux tiers du pays.

Par STEPHEN SMITH

Libération, lundi 30 août 1999

Il est l'orphelin mal-aimé de la guerre froide. A 65 ans, qu'il vient d'achever ce mois-ci, Jonas Savimbi, le chef de la rébellion angolaise, est un homme seul, mis au ban par la communauté internationale, qui a édicté des sanctions pour couper le maquis de l'Unita (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola) de tout approvisionnement extérieur et, surtout, pour lui interdire la vente de ses diamants, le nerf de sa guerre. L'ancien allié des Etats-Unis et de l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid est un pestiféré avec lequel les Nations unies ont rompu tout contact depuis un an. Seulement, depuis que la guerre a repris en Angola, en décembre dernier, Savimbi s'est rappelé à l'attention de tous ceux qui le croyaient fini. Alors qu'il y a neuf mois, son mouvement ne tenait plus que quatre villes de moindre importance sur le haut plateau central, il contrôle aujourd'hui les deux tiers du pays, les zones rurales autour des villes.

Un coup d'oil sur une carte d'état-major révèle le problème fondamental de l'ex-colonie portugaise qui, pendant la guerre froide, n'a été qu'un théâtre d'opération de substitution: des deux belligérants, l'un est citadin, essentiellement implanté le long de la côte, tandis que l'autre maîtrise la brousse, le hinterland peu développé et tardivement entré en contact avec le monde extérieur. Le gouvernement dispose du pétrole, extrait off shore par des compagnies occidentales, un pactole d'au moins 10 milliards de francs par an. L'Unita exploite une partie des mines de diamant, ce qui lui aurait rapporté, l'an passé, environ 1,2 milliard de francs. Chacun reste enfermé dans son monde, Jonas Savimbi ne s'était pas exprimé depuis deux ans.

Andulo, envoyé spécial

L'ONU vous tient pour le principal responsable de la guerre civile en Angola et vous impose des sanctions. Depuis 1986, quand Ronald Reagan vous a décoré comme combattant de la liberté, votre prestige international a beaucoup souffert...

Comme les Etats n'ont pas d'amis ou d'ennemis, mais seulement des intérêts, j'en déduis que les intérêts de mes amis d'hier, notamment des Etats-Unis, ont changé. Aujourd'hui, on me boycotte, on m'empêche de voyager, on me traite de paria. Seulement, à l'intérieur de l'Angola, les intérêts en conflit n'ont pas changé. Et mon prestige auprès de la population est intact. Ici, on se moque pas mal de ce qu'on dit et décide à l'extérieur. Pour moi, c'est dur d'être indésirable. Mais puisque l'Angola est l'enjeu, et non ma personne, je suis confiant que les choses changeront de nouveau en notre faveur.

Est-ce le changement d'alliance des Etats-Unis qui a entraîné la communauté internationale ? C'est l'évidence même. Avant 1988, nous étions bons à combattre les Cubains et les Russes en Angola. Et, sans fausse modestie, par rapport au Nicaragua et à l'Afghanistan, nous étions les meilleurs combattants de la liberté pour l'Occident. Mais, une fois les Cubains et les Russes partis, l'Unita n'avait plus d'utilité pour les Etats-Unis. Depuis le revirement américain, en 1992, on ne nous appelle que pour signer notre reddition, pour consentir à notre liquidation politique, sinon physique. L'accord de paix de Lusaka, en 1994, était piégé. Il disait: donnez-moi vos armes, votre territoire, votre vie et, en échange, je vous donne le ministère du Tourisme. Ce n'était pas sérieux.

Depuis décembre, le gouvernement angolais est reparti en guerre contre vous, mais son offensive s'est enlisée. Définitivement?

On ne sait jamais ce que va faire l'ennemi. Mais j'ai l'impression que le président dos Santos, n'ayant pas réussi à nous détruire comme il en avait l'intention, cherche maintenant plutôt à établir un rapport de force plus favorable pour lui. Seulement, où et quand va-t-on s'arrêter? Lui, il relance son offensive, il engage des moyens militaires considérables, même si sa machine de guerre est handicapée par de nombreuses désertions. Nous, de notre côté, nous jetons aussi nos forces dans la bataille. Alors, le risque, c'est que les choses aillent trop loin. Je pense même que dos Santos est déjà allé trop loin. Il met en jeu son pouvoir. Il lui faut d'abord gagner du terrain avant de pouvoir négocier. Nous, en revanche, nous sommes prêts à négocier à tout moment, dès maintenant. Pour le conflit angolais, qui est très complexe, il n'y a pas de solution militaire. Il faut mettre les problèmes sur la table. Pour éviter la catastrophe, il nous faut discuter.

L'ONU parle déjà d'une catastrophe humanitaire et le gouvernement vous accuse de chasser la population civile des zones que vous contrôlez.

Mais c'est absurde! Nous sommes un mouvement de guérilla et la population, pour nous, ce sont des recrues, des gens qui nous abritent, nous nourrissent. Le gouvernement cherche à vider nos zones, il évacue de force la population quand ses troupes sont obligées de se retirer. Voilà la vérité. On suscite de la compassion humanitaire. Le monde voit des images de souffrances, de famine, la détresse des déplacés. Mais où va son aide? D'abord, elle n'est envoyée que d'un seul côté, alors que nous contrôlons entre 60 et 70 % du territoire national, où vit la moitié de la population. Ensuite, l'aide alimentaire est souvent détournée, revendue sur les marchés. Chez nous, il n'y pas de malnutrition. Nous prenons nos responsabilités au lieu de lancer des appels à l'ONU.

Pourtant, le Programme alimentaire mondial (PAM) affirme que, de votre côté, 1,5 million d'Angolais manqueraient de nourriture.

Mais qu'est-ce qu'ils en savent? Ils ne sont jamais venus ici. Où ont-ils trouvé ce chiffre? En tout cas pas sur le terrain. Nous manquons de beaucoup, à cause des sanctions, surtout de médicaments. Mais les gens mangent à leur faim.

Dans la guerre régionale qui embrase toute l'Afrique centrale, l'Unita est-elle partie prenante ? On dit que vos troupes combattent dans l'ex-Zaïre, au Congo-Brazzaville, en Namibie...

On nous voit partout, mais nous sommes nulle part en dehors de l'Angola. C'est vrai qu'il y a eu une exception, dans l'ex-Zaïre, où nous sommes intervenus en mai 1997, le temps de replier notre dispositif là-bas. Nous y avions des hôpitaux, du matériel, desgens. Alors, nous nous sommes battus contre les troupes de Kabila, à Kengué. Nous avons stoppé leur avancée sur Kinshasa pendant une dizaine de jours. Puis, le déménagement achevé, nos troupes sont parties. Là s'arrêtait notre intérêt. D'ailleurs, il n'y avait rien d'autre à faire. Quant au Congo-Brazzaville, nous n'y avons jamais, au grand jamais, mené une opération militaire, pas plus qu'en Namibie. Dans ce dernier pays, comment peut-on croire que nous soutenons un mouvement sécessionniste dans la bande de Caprivi? Nous avons toujours été hostiles aux sécessions en Afrique qui, d'ailleurs, ont toutes échoué.

On vous dit obsédé par l'idée de devenir président de l'Angola. Mais, à 65 ans, après trente ans passés dans la brousse, y croyez-vous toujours ?

Ma motivation profonde n'a jamais été la présidence de la République. Ma mission, c'est d'accomplir quelque chose pour les miens, ceux qui m'ont fait confiance. C'est pour cela qu'on n'a jamais pu m'acheter, me corrompre en me promettant une retraite dorée dans une belle villa quelque part dans le monde. Je voudrais qu'on se souvienne de moi, de ce que j'ai dit, écrit, de ce que j'ai fait, obstinément, sans perdre le cap. Et je vous fais un aveu: quand l'Unita prendra le pouvoir dans ce pays, ce qui arrivera, je n'en doute pas un instant, il faudra qu'un jeune de quarante ou cinquante ans assume l'énorme travail qui consistera à gouverner, à reconstruire un pays totalement détruit. Moi, je n'ai plus l'âge pour cela, pour travailler dix-huit heures par jour, même si je suis en très bonne santé. Alors, je resterai ici, chez moi, pour donner des conseils. Je ne pense pas à ma personne, mais à notre parti, l'Unita, qui a le droit historique de gouverner ce pays.

 
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