15 septembre 1999
DEBAT SUR LE CONSEIL DE TAMPERE INTERVENTION DOLIVIER DUPUIS
Dupuis (NI). Madame la Présidente, notre Parlement, sans sen rendre compte, ne manque pas dhumour. Dans la résolution Watson, il se dit convaincu que les citoyens européens sont fatigués des proclamations et des grandes déclarations, et dans la résolution Napolitano, il ne se propose pas moins que de faire un grand exercice de style, sautant sur los pour le chien que nous a tendu le Conseil avec la rédaction de cette grande charte des droits fondamentaux. Nous avons déjà une charte, la Convention européenne des droits de lhomme, nous avons des constitutions mais, par ailleurs, comme lont souligné, dailleurs, un certain nombre de collègues, nous navons pas de communautarisation du troisième pilier, nous navons pas de politique démocratique en ce qui concerne les affaires étrangères. Alors, continuons dans cette
direction. Je pense que ce grand exercice de masturbation mentale fera suite à dautres, dont le Parlement européen était coutumier. Pendant deux ou trois ans, ou peut-être un peu moins,
notre Parlement débattra de cette grande charte, affirmant par là sa conception europénne des droits de lhomme, quand on sait que les Chinois en ont une autre. Nous ne ferons alors quencourager ces mécanismes. On parlera beaucoup et on se gargarisera, comme lont fait certains collègues - et je regrette que le collègue Schulz ait fait abaisser ultérieurement le débat en quittant la séance - mais je voudrais dire que, peut-être, notre Parlement devrait sinterroger sur la démocratie qui est la sienne. Hier, nous avons assisté, et je remercie les 90 collègues qui ont refusé cette logique, nous avons assisté à la négation, une fois encore, des droits des minorités de ce Parlement. Alors, nous pouvons bien nous gargariser sur les minorités du monde entier, nous pouvons continuer dans cette direction. Mais, peut-être serions-nous bien avisés de commencer à nous rendre compte que la construction européenne est fondée sur des bases tellement peu démocratiques que beaucoup dÉtats du monde, que nous critiquons souvent,
nont rien à envier au système soit-disant démocratique qui est le nôtre aujourdhui. Alors, peut-être devrions-nous retourner aux points essentiels, refuser ces os pour le chien que nous lance le Conseil, et nous atteler à demander des réformes fondamentales, notamment celle que nous devons nous demander à nous-mêmes, pour que ce Parlement devienne un vrai Parlement et pas linstrument des bureaucraties, comme il lest de plus en plus.