STRASBOURG, le 14 décembre 1999
DEBAT SUR LE CONSEIL EUROPEEN D'HELSINKI - INTERVENTION D'OLIVIER DUPUIS
Dupuis (TDI). - Monsieur le Président, chers collègues, tout d'abord une prémisse qui, je crois, vaut pour chacun d'entre nous, mais surtout pour notre présidente, Nicole Fontaine. Je pense que la question du statut qu'ont deux membres du Parlement au sein de la Conférence inter-gouvernementale est absolument intolérable. Nous ne pouvons l'accepter et notre présidente devrait le faire savoir. C'est un statut d'ONG. Voulons-nous être et continuer à être une ONG ? Nous serions, comme les ONG, de simples observateurs. Je pense qu'il est temps que le Parlement sache dire non à cet état de choses. Plus généralement, je pense que nous avons une mémoire quelque peu sélective, chers collègues. A Amsterdam, la conférence s'est conclue sur le fait que si nous allions au-delà de 20 membres, nous devions faire au moins trois réformes. Nous ne sommes plus dans ce cas de figure. Nous sommes dans le cas de figure de 27 États membres et plus encore dans les prochaines années, et donc les réformes qui s'imposent sont beaucou
p beau-coup plus profondes. En acceptant ses conclusions, nous nous rendons complices, le Conseil et nous, d'une poli-tique qui s'avérera, dans les prochaines années, extrêmement grave et qui immobilisera toute l'Union euro-péenne. Notre Parlement ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre, de ne pas avoir la perception de cette politique. On ne peut pas, comme certains collègues l'ont dit, penser pouvoir dialoguer avec la présidence portugaise quand on sait déjà qu'il existe une majorité au Conseil pour refuser un élargissement des points à l'ordre du jour. Nous devons utiliser la seule arme que nous avons et si M. Barnier n'est pas d'accord pour l'appeler la grève de la vie, appelons-là la résistance. En tous cas, nous ne pouvons pas reporter au mois de juin une bataille que nous devons livrer en janvier. Notre problème c'est l'avis que nous devons rendre avant le début de la Conférence intergouvernementale, c'est-à-dire dès janvier. Bien sûr, on peut se faire plaisir, on peut faire semblant de se voi
ler la face, de croire que nous pourrons convaincre la présidence portugaise qui à son tour, pourra convaincre les autres États membres. On peut se raconter des histoires. Nous nous sommes déjà raconté beaucoup d'histoires, mais il serait peut-être temps que ce Parlement se réveille. En ce qui concerne l'élargissement, je pense que nous faisons une insulte dont nous n'avons pas conscience à un certain nombre de pays. Nous avons élargi la candidature à la Turquie, c'est bien, même si on l'a fait, comme toujours, trop tard, mais nous abandonnons des États comme l'Albanie, la Macédoine, la Croatie, alors qu'il n'y a aucune raison de les abandonner, puisque nous avons décidé que chaque pays entrera dans l'Union quand il aura fait les réformes nécessaires. Il est urgent que nous ouvrions la candidature à ces pays, comme il est urgent que nous sachions que la Tchétchénie ne se trouve pas sur la lune, mais dans une région d'Europe, en Transcaucasie. Il est urgent que l'Europe ait une politique digne de ce nom dans
cette région, sinon nous la verrons, comme les Balkans au cours de ces dix dernières années, devenir une région de guerre, de destruction, comme c'est le cas déjà aujourd'hui, en Tchétchénie.
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