Strasbourg, le 14 juin 2000.
Débat sur l'adhésion de la Chine à l'OMC - Intervention d'Olivier Dupuis
Dupuis (TDI). - Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Monsieur le Commissaire, chers collègues, j'ai écouté avec attention M. Westendorp nous parler des bénéfices en termes économiques, sociaux, environnementaux et politiques de l'adhésion de la Chine à l'OMC. Il ne me semble pas avoir été très explicite sur les bénéfices en termes politiques. Quoi qu'il en soit, pour ma part, je vois très clairement un bénéficiaire politique: le régime chinois et, disant cela, je ne songe pas à des institutions, mais à un régime despotique. On peut bien sûr être d'accord avec M. Westendorp. Nul doute que nous n'avons pas baissé la garde en matière de droits de l'homme en signant cet accord, parce que nous ne pouvons pas la baisser, Monsieur Westendorp: nous n'avons rien obtenu de la République populaire de Chine. Que ce soit en matière de renforcement de l'État de droit, en matière de renforcement de la démocratie ou en matière de respect des droits de l'homme, nous n'avons rien obtenu depuis
dix ans. Rien! Chaque jour, nous voyons, nous lisons les mêmes informations: nouvelles arrestations de dissidents, nouvelles arrestations de membres du parti démocratique, poursuite de la colonisation du Tibet. A ce propos d'ailleurs, la Banque mondiale s'apprête à multiplier par deux un grand projet que nous soutenons, puisque nos États sont les principaux membres de cette honorable institution. Dans les prochaines semaines, donc, la Banque mondiale va doubler la capacité pour les émigrants chinois de coloniser encore un peu plus le Tibet. C'est cela qui est à l'ordre du jour. Je pense que les collègues qui ont parlé de droits de l'homme savent très bien, que nous savons très bien, notamment pour avoir entendu le commissaire Brittan ces dernières années, qu'il n'a jamais été question de coupler les droits de l'homme et la démocratie avec les accords de l'OMC. Nous avons donc conscience de renforcer un pouvoir despotique, un pouvoir qui accumule des armements, qui accumule de la force dans cette région du mo
nde. Nous y sommes résignés, sans songer que dans vingt ans, les pressions que ce pouvoir pourra bientôt faire peser sur toute l'Asie pourront aussi s'exercer chez nous. Nous y sommes résignés: l'abandon des Chinois et l'abandon de la démocratie pour les Chinois et, au bout du compte, pour
nous tous.
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