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Partito Radicale Roma - 26 luglio 2000
Emil Scuka préside le Congrès mondial des Roms à Prague: "Nous voulons la reconnaissance d'une nation rom non territoriale"

Libération, le mardi 25 juillet 2000

Recueilli par Marc Semo

Les discriminations croissantes contre les Tsiganes et la reconnaissance d'une nation rom seront les grands thèmes du congrès mondial de l'Union internationale des Roms (IRU) qui commence aujourd'hui à Prague avec 300 délégués venus de 39 pays. Emil Scuka, 43 ans, avocat, fondateur du premier parti rom de la République tchèque et secrétaire général de l'IRU, répond aux questions de Libération.

Les Roms ne demandent plus simplement la garantie de leurs droits, notamment culturels, dans les pays où ils vivent, mais leur reconnaissance comme nation. Pourquoi?

Il y a quelque 15 millions de Roms dans le monde. Nous sommes une nation plus importante en nombre que beaucoup d'autres en Europe, plus que les Belges, les Hollandais ou les Tchèques, mais nous sommes toujours considérés comme un groupe ethnique ou une minorité dans tel ou tel pays. En même temps, à la différence des autres, la nation rom n'est pas limitée à un territoire. Il n'est donc pas question d'un Etat avec des frontières bien précises, mais d'une nation non territoriale qui en même temps représente notre identité spécifique.

Il s'agit donc d'une revendication surtout symbolique?

Non. La reconnaissance de la nation rom peut être vue de deux manières. D'une part, on peut dire que l'Europe elle-même est en train de devenir une réalité supranationale. Une citoyenneté européenne commune est en train de s'affirmer, en même temps que se maintient l'appartenance à telle ou telle nation. On se sent déjà toujours plus européen français ou européen allemand... alors pourquoi pas européen rom? Nationalité et citoyenneté ne doivent pas nécessairement coïncider. De façon très concrète, la nationalité rom n'implique pas d'avoir des passeports rom, même si parfois nous en avons aussi discuté. Nous voulons, par exemple, avoir une représentation aux Nations unies, et pas seulement en tant qu'organisation non gouvernementale comme nous le sommes déjà actuellement. Notre actuel statut est inadapté, même si l'IRU est pour le moment l'ébauche d'une représentation institutionnelle de la nation rom.

Tous, Gitans ou Tsiganes, se reconnaissent-ils dans cette nation?

Ces termes sont utilisés par les autres pour nous définir avec des connotations souvent péjoratives. Nous sommes tous des Roms. La langue, ou du moins son noyau central, est la même, bien qu'il y ait des différences dialectales selon les régions, de la même façon que le français n'est pas le même au Québec et en France. Bien sûr, cette langue commune est aussi mélangée avec de nombreux termes locaux des pays où nous vivons. L'un des grands objectifs de l'IRU est d'ailleurs l'unification et la codification de la langue. A l'occasion de ce congrès de Prague sera d'ailleurs présenté le premier grand dictionnaire de la langue rom.

Dix ans après la chute du Mur, quelle est la situation des Roms dans l'ex-Europe de l'Est?

Pour la grande majorité des Roms, la situation est mauvaise, et même parfois pire. La démocratie a aussi permis la discrimination, et la liberté d'exprimer ouvertement des préjugés raciaux et xénophobes très ancrés dans les populations. Les difficultés de la transition vers l'économie de marché et l'explosion du chômage ont beaucoup touché la population rom. Dans l'Europe centrale et orientale, plus des trois quarts des Roms sont sans emploi ou survivent grâce à des activités extrêmement précaires. Les Roms ont beaucoup de difficultés à trouver du travail parce qu'ils sont handicapés par un mauvais niveau scolaire, résultat direct des discriminations dont ils sont victimes. La plupart des nouveaux emplois sont créés par des entrepreneurs privés, et les préjugés contre la population restent très forts. Du point de vue de la sécurité, la situation a terriblement empiré partout. Il y a chaque jour des agressions contre les Roms...

Dans quel pays de l'Europe de l'Est la situation est-elle actuellement la pire?

Incontestablement en Roumanie, notamment quant aux conditions de vie. 90 % des Roms du pays n'ont pas de travail. Ils vivent encore beaucoup dans des villages ou de lointains faubourgs sans eau courante et sans électricité, dans des conditions quasi moyenâgeuses.

Et la meilleure?

Du point de vue institutionnel, c'est en Slovaquie, du moins depuis un an, car le gouvernement s'est engagé plus fermement qu'ailleurs dans la lutte contre les discriminations.

Le président Vaclav Havel affirmait volontiers que "la façon dont sont traités les Tsiganes représente le vrai test, non seulement pour une démocratie mais d'abord pour une société civile". Où en est aujourd'hui la République tchèque?

Sur le plan économique, la situation est l'une des meilleures de l'ex-Europe de l'Est. Mais il y a un gros mouvement skinhead, une extrême droite xénophobe assez forte, et, au quotidien, de graves et nombreuses discriminations contre la population rom. La plus tristement spectaculaire avait été la construction d'un mur autour du quartier rom à Usti Nad Labem, décidée par le conseil municipal de cette petite ville.

Etes-vous particulièrement préoccupé par la situation actuelle des Roms au Kosovo?

Oui. Ils vivent actuellement une véritable tragédie, victimes tout à la fois des attaques des Albanais et des Serbes, sans pourtant avoir pris part à la guerre, ni d'un côté ni de l'autre. Les violences à leur encontre continuent malgré la présence des soldats de la Kfor. Beaucoup de Roms ont été contraints par la terreur à fuir le Kosovo, mais on ne leur reconnaît pas, dans les pays occidentaux, le statut de réfugiés, alors qu'ils sont chassés pour le simple fait d'être rom. Leur retour s'annonce impossible sans un très fort engagement de la communauté internationale pour leur garantir une sécurité personnelle.

 
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