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Partito Radicale Roma - 31 luglio 2000
Les Tsiganes réclament la reconnaissance de leur " nation "

Le Monde, 29/30 juillet 2000

Antoine Jacob

QU'IMPORTE s'ils n'ont pas un territoire sur lequel exercer leur souveraineté, les Tsiganes du monde entier ont proclamé, vendredi 28 juillet, leur appartenance à une " nation ". La " nation rom ", pour utiliser leur terminologie, un " rom " signifiant une " personne " dans la langue indo-européenne du même nom qui, avec leur culture, les fédère peu ou prou au-delà des frontières. Réunis en " congrès mondial " cette semaine à Prague, des délégués originaires de trente-neuf pays (de l'Inde à la Roumanie, de la Finlande au Brésil) ont réclamé la reconnaissance d'une telle nation par la communauté internationale.

" L'ONU doit commencer à respecter le préambule de sa Charte, selon lequel toutes les nations sont "égales". Nous voulons être les premiers à demander un tel droit en tant que nation, et non en tant qu'Etat ", a déclaré au Monde Emil Scuka, le président de l'Union rom internationale (URI), principale organisation tsigane, qui organisait le congrès. Les quelque 15 millions de Tsiganes - dont 8 millions environ en Europe - méritent mieux, a-t-il insisté, que l'étiquette de groupe " minoritaire ou ethnique " qui leur est accolée ici et là.

A entendre Emil Scuka, " il faut renouveler le mode de représentation traditionnelle des nations ". Qui plus est dans une Europe appelée à devenir de plus en plus " supranationale ", comme le laisse entendre le débat lancé par certains responsables politiques de pays membres de l'Union européenne. " Pensez-vous vraiment que le vieux concept d'Etat-nation, limité à des critères territoriaux, continuera longtemps à exister dans cette nouvelle ère de globalisation ? ", a renchéri cet avocat, fondateur d'un Parti rom en République tchèque. Plus pragmatique sans doute, l'un de ses conseillers a affirmé que la question de " la reconnaissance formelle d'une nation rom était secondaire " par rapport à la prise de conscience de l'existence d'une telle entité.

En attendant une éventuelle réaction de l'ONU et d'autres organisations internationales, les Tsiganes se plaisent à rappeler qu'ils possèdent déjà un hymne et un drapeau. Depuis 1971, ils vibrent aux sons de Gelem, gelem, une chanson languissante dont le titre peut se traduire par " J'ai marché, j'ai marché ". Ses paroles ont été écrites par un poète tsigane de l'ex-Yougoslavie, Jarko Jovanovic, en mémoire de membres de sa famille exterminés par les nazis, comme plus d'un demi-million d'autres gens du voyage, acte pour lequel leurs descendants n'ont, déplorent-ils, pas été indemnisés. Quant au drapeau, il représente une roue de roulotte, de couleur rouge, sur un fond bicolore : bleu dans sa partie supérieure, pour le ciel et la liberté, et vert dans l'autre moitié, pour la terre et la mère.

CRÉER UNE UNIVERSITÉ

L'un des ferments de cette " nation " désirée, la langue rom, a besoin d'être mieux codifié. D'où la décision de publier le premier dictionnaire rom. Seule l'" élite " tsigane maîtrise vraiment cette langue, les autres pratiquant les quelque six cents dialectes existants de la " planète " rom, explique le conseiller d'Emil Scuka. Après l'ouverture, en 1997, de la première école tsigane, près de Prague, c'est une université qui pourrait naître un jour, où la langue mais aussi l'histoire tsigane seraient enseignées. Tel est du moins l'objectif de l'URI, en attendant son hypothétique financement. Projet plus accessible, la diffusion d'émissions en rom sur les ondes de Radio Free Europe (commanditée par les Etats-Unis), qui accueillit le congrès dans ses locaux pragois.

Pour mieux affirmer l'identité des Roms et donner du poids à leurs revendications, l'URI s'est également dotée d'un " Parlement ", le premier du genre. Y ont été élus trente-neuf membres, un par pays représenté. A eux, ainsi qu'à un nouveau " présidium ", de faire entendre leur voix pour obtenir une aide financière accrue, dans le but d'améliorer les conditions de vie, souvent difficiles, des Tsiganes. L'élargissement à venir de l'Union européenne est perçu par les Roms comme un moyen de consolider les lois dans les Etats candidats à l'adhésion, synonyme d'un meilleur traitement à leur égard. Dans plusieurs de ces pays, souligne M. Scuka, " notre peur de la haine raciale n'a pas disparu ".

 
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