NON SEULEMENT LA PROHIBITION ACCUMULE LES ECHECS, MAIS EN PLUS ELLE CONTRARIE L'ACCES AUX SOINS DES TOXICOMANES, CE QUI LES INCITE A RECOURIR A LA CONSOMMATION DE DROGUES ILLEGALES.SEULE UNE LEGALISATION DES DROGUES PERMETTRA D'ASSURER LE DROIT AUX SOINS DES TOXICOMANES, A L'EGAL DE CELUI QUI EST RECONNU A TOUS LES AUTRES CITOYENS.
Mercredi 6 novembre dernier, a' l'occasion du congres 'Gestion des drogues en 2000', les ministres de l'interieur, de la justice et de la santé (tous néerlandophones), presentaient publiquement leurs reticences a' l'encontre des projets (liegeois) d'experimentation de la prescription d'heroine dans le cadre des traitements de substitution dont pourraient beneficier certains heroinomanes, parmi les plus marginalises.
Ils faisaient savoir qu'ils envisageaient plutot l'enregistrement administratif centralise' de l'identite' des toxicomanes traites a' la methadone.
Le lendemain, Madame Anne Bourguignon, procureur du Roi a' Liege, faisait connaitre son opposition au projet de prescription d'heroine. Marquant un retour en arriere par rapport aux interpretations recentes des tribunaux et des parquets, et menacant ainsi par extension le developpement des traitements a' la methadone, le procureur liegeois soutenait qu'un tel traitement de substitution serait contraire a' la loi interdisant aux medecins l'entretien d'une toxicomanie.
Ce lundi, au lendemain des emeutes causee par la mort d'un trafiquant d'heroine, la Coordination radicale antiprohibitionniste (CORA) ete alertee par plusieurs pharmaciens installes dans les quartiers de Schaerbeek, de Bruxelles-ville et d'Anderlecht, parce que des policiers en civil installes devant leurs officines dans des voitures banalisees procedaient aux interpellations systematiques de leurs clients toxicomanes pour verifications d'identite. Un pharmacien qui s'etonnait et tentait de s'interposer en questionnant les representants de l'ordre sur leur activite s'est fait grossierement menacer de proces verbal et d'amende. De telles intimidations sont inacceptables. Sans doute s'agit t'il d'une mise en application rapide et illegale du renforcement repressif de la politique prohibitionniste annonce la semaine derniere a' Gand.
La CORA denonce l'irresponsabilite' des autorites politiques qui organisent et soutiennent une telle attitude policiere. Cette attitude provocante est dangereuse pour la securite' et pour la sante' publique: plusieurs toxicomanes, ayant repere les policiers, ont prefere rebrousser chemin. Plutot que d'entrer dans la pharmacie pour y acheter leur medicament ils ont ete acheter l'heroine au marche noir.
Cet episode de la guerre a' la drogue montre les limites de la position officielle du gouvernement Dehaene pronant l'integration des objectifs sanitaires et des objectifs de securite en guise de gestion politique belge des problemes de drogue. En cas de tension, les preoccupation sanitaires s'effacent les priorites repressives imposees par le choix de la prohibition. La guerre a' la drogue se change en guerre aux drogues; une guerre faite aux citoyens les plus vulnerables, accompagnee d'un climat de guerre civile menacant les libertes publiques.
Sans une reorganisation de la politique belge des drogues incluant leur legalisation pour mieux les controler, seules les organisations mafieuses organisant les trafic de drogue et les groupes politiques antidemocratiques seront gagnants.