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Notizie CORA
Radio Radicale Roberto - 2 giugno 1998
9eme CONGRES DE LA CORA - PARIS 5,6,7 JUIN 1998

RAPPORT DU SECRETAIRE ERIC PICARD

Lu par Michel Hancisse, membre de la direction politique

Bruxelles, le 2 juin 1998

Dix huit mois d'activités antiprohibitionnistes en Europe, principalement en Italie et en Belgique, nous ont permis de donner corps à une série de campagnes politiques dirigées en premier lieu vers les institutions et les Parlements.

Depuis des décennies, dans la pensée et la tradition de lutte radicale, il s'agit d'une constante: non pas faire "plier" à tout prix le gouvernement, nos gouvernements mais nous en référer au droit, aux règles de la démocratie, de la république, du Parlement, lieu par excellence de la démocratie politique, pour garantir à tout citoyen les principes et le respect des règles de l'Etat de droit.

Vaste programme, qui n'a cessé d'animer notre amour pour la démocratie, pour une démocratie libertaire et libérale, socialiste et solidaire, contre la raison d'Etat, la particratie, le totalitarisme et ces idéologies qui permettent de sacrifier le faible et le bien commun à la raison du pouvoir.

Nos gouvernements, nos partis ont toujours voulu gérer les crises plutôt que gouverner les problèmes. De gestion et bureaucratiques, et puis idéologiques pour tenter de faire passer ce qui en fin de compte n'est que violence du pouvoir contre chaque citoyen et meme contre l'Etat de droit.

Il n'en va pas autrement avec le fléau de la drogue interdite. Notre combat n'est pas simplement celui du supplicié au suppliciant, du consommateur face à la répression, il est celui de la démocratie, de la défense du droit et des droits face à ce qu'il faut bien identifier comme avatar d'une dictature de la pensée et du moralisme du pouvoir.

Ce Congrès, nous avons l'honneur de le tenir dans cette Assemblée nationale, lieu par excellence d'un pays qui n'a cessé de proclamer son attachement aux libertés et à la démocratie. Ce que nous voulons, c'est miser sur cette force de vérité et de nonviolence qui nous caractérise, sur cette capacité de proposition et ce patrimoine de lutte politique que nous voulons proposer et reproposer.

Notre volonté est de faire tomber des lois criminogènes, de faire tomber le mur de l'idéologie prohibitionniste en Europe, ou au moins d'y contribuer.

Avec le Parlement européen, la Cora avait commencé à dénoncer la prétention de la France à imposer sa politique répressive au reste de l'Europe.

Aujourd'hui, nous voulons dénoncer également la prétention de ce régime à intensifier la répression à l'intérieur de ses frontières. Cet après-midi, une série d'intervenants pourront s'expliquer là dessus. De la liberté d'expression, à la liberté de pensée et de manifestation...

Nous affirmons que le prohibitionnisme en matière de drogues est une idéologie criminelle. Il interdit toute politique sanitaire digne de ce nom envers les toxicomanes et a déjà produit des dizaines de milliers de morts par le Sida et autres maladies. Il criminalise la jeunesse et les drogués, il touche aux libertés fondamentales un peu partout dans le monde, il soutient, au nom de la raison d'Etat, des dictatures comme en Afghanistan, il tolère le trafic de la drogue et les régimes corrompus comme au Pakistan; il encourage, soutient la guerre dans tout le continent africain, en Amérique latine, au Liban... il emprisonne des millions de consommateurs dans nos pays de démocratie réelle... malgré ou plutôt à cause des politiques anti-drogues et d'une logique de pouvoir d'une bureaucratie aux moyens de plus en plus considérables. Des moyens qui arrivent presque à la cheville du crime organisé. C'est bien là le paradoxe - Ils veulent lutter contre la drogue - objectif qui peut paraitre louable en soi -, ils ne f

ont que renforcer le crime au nom d'une véritable croisade contre la drogue!

Cette guerre est déjà perdue. Nos gouvernements en sont conscients. Les rapports et les analyses convergent. Mais confrontés aujourd'hui au pouvoir d'une bureaucratie répressive, omnipotente qu'ils ont contribué à mettre en place, ils ne peuvent ou ne veulent pas s'avouer cet échec ou le confesser à l'opinion publique. Et donc on continue ou on fait semblant.

Pendant ces 18 mois d'activités, la Cora a tenté de susciter des initiatives, de s'organiser là où c'était possible, où des militants étaient présents.

A Rome, en novembre dernier, des responsables et militants français, belges et italiens de la Cora ont enfreint publiquement la loi italienne sur les stupéfiants en distribuant gratuitement de petites quantités de haschisch sous le slogan: "Aujourd'hui en Italie, demain en Europe." Marco Pannella, notre leader antiprohibitionniste avait déjà à plusieurs reprises distribué publiquement et aussi "en direct" à la Rai du haschisch, avec d'autres militants, parmi lesquels les députés européens Gianfranco Dell'Alba et Olivier Dupuis. Plusieurs procès s'en sont suivis et sont toujours en cours pour des actes semblables de désobéissance civile. Marco Pannella a été condamné à quatre mois de prison. Avec ces manifestations, il demande à être condamné, à subir la rigueur de la loi, à aller en prison afin de dénoncer les lois criminogènes. Ce n'est sans doute pas un hasard si en avril dernier, en commission du Sénat italien, la dépénalisation de la consommation des drogues douces et la culture à des fins personnelles d

e cannabis ont été votées.

Comme toujours, cette action de désobéissance civile nonviolente , nous décidons de la programmer de manière quasi scientifique au moment d'une campagne d'initiative législative qui trouve son aboutissement au Parlement. Sans quoi, elle risque de ne pas exister, meme au niveau de la chronique judiciaire.

Cette action trouvait son cadre bien entendu en Italie, mais concourrait à renforcer le front antiprohibitionniste au niveau des pays de l'Union européenne. Il n'est d'ailleurs pas exclu que la Justice de nos pays respectifs s'en saisisse.

L'APPEL DE PARIS

Pendant des mois, en 1997, nous avons mené une campagne transnationale, en Europe, en faveur de la liberté thérapeutique. Liberté pour les médecins de choisir les traitements médicaux les plus appropriés, y compris l'héroine, liberté pour les patients toxicomanes de pouvoir poursuivre partout leur traitement, dans leur pays, en voyage ou en prison. L'appel de Paris a été signé par plusieurs milliers de citoyens d'une dizaine de pays. Nous sommes intervenus au sein des plus prestigieux colloques un peu partout en Europe, de Ljubljana à Paris, en passant par Nice ou Bruxelles. Ce texte a été adressé comme pétition au PE et n'a recueilli que l'attention polie de l'ensemble des organisations médicales et professionnelles. Il a enregistré le soutien marquant de quelques personnalités, comme Bernard Kouchner, en France ou Annie Mino, directrice des Hopitaux de Genève ou a été relayé par des associations comme ASUD en France qui ont l'ont fait circuler. Cet Appel, déposé au PE doit encore être examiné. Il a pour ob

jet de susciter un projet de directive de la Commission européenne compétente dans ce domaine pour défendre une harmonisation des législations nationales en matière de politique de réduction des risques.

Cette pétition représente la proposition la plus avancée pour atténuer les dommages sanitaires du prohibitionnisme mais la majorité des acteurs professionnels, les professionnels de la réduction des risques en Europe n'ont pas eu la volonté ni le courage d'aller jusqu'au bout de ce qui est leur travail. Aujourd'hui à Utrecht s'est ouvert un important colloque en cette matière. La Cora n'a pas été invitée malgré sa demande, malgré le fait que les organisateurs aient souscrit à cet appel de Paris.

Au sein du PE, nous avons pris l'initiative d'un texte de résolution antiprohibitionniste, approuvé en première lecture en commission des libertés publiques, sous l'égide de sa présidente Mme Hedy d'Ancona, socialiste et ancienne ministre de la santé aux Pays-Bas. En plénière, au début de cette année, grace aux efforts des députés radicaux, au lieu d'être purement et simplement rejeté, ce texte a été renvoyé pour réexamen en commission et ceci avec le soutien de la majorité des socialistes, des verts et des libéraux contre la position des communistes, de l'extreme droite et d'une majorité des démocrates-chrétiens. Malheureusement, sous la houlette de la droite et des catholiques, avec la bénédiction des socialistes, ce projet de résolution du PE va rendre l'ame en deuxième lecture, vu les amendements acceptés à présent.

En Belgique, la Cora a été le protagoniste privilégié du débat parlementaire qui a duré un an et demi, essayant de susciter la création d'un intergroupe antiprohibitionniste au Parlement belge, à l'instar de ce qui s'est fait au PE. Des logiques d'appareils et d'accords gouvernementaux ont empeché l'émergence d'un front organisé. Il en est advenu un rapport sanctionnant l'échec de la guerre à la drogue mais des recommandations au gouvernement pour demander plus d'efficacité dans la répression, le fichage généralisé des toxicomanes et consommateurs, la légalisation de méthodes illégales de polices ont été faites et approuvées par le Parlement. Que de contradictions ! Au niveau des parquets, il a été décider d'appliquer la plus basse des priorités dans l'ordre des poursuites vis à vis des usagers, les catholiques flamands s'insurgeant contre toute idée meme de dépénalisation des drogues douces.

Il ne faut donc pas changer la loi mais montrer la plus grande hypocrisie.

Avant le Congrès de Bruxelles, la Cora était une organisation presque inconnue. Aujourd'hui on veut nous expulser du PE où grace aux députés radicaux et au Parti radical transnational qui nous hébergent nous pouvons disposer de locaux et d'une infrastructure non négligeable. Une attaque sans précédent de l'OICS (organisation de controle des stupéfiants de l'ONU) contre les activités antiprohibitionnistes de parlementaires et de personnes profitant de leurs positions au sein des institutions européennes s'est faite jour il y quelques semaines, recommandant aux Etats des mesures limitant la liberté d'expression en matière de drogues. De la prohibition des drogues, on est passé à la prohibition du débat et des libertés publiques. C'est déjà depuis longtemps le cas en France. C'est pourquoi ce Congrès veut provoquer un vrai débat politique en direction de la classe dirigeante de ce pays et finalement de toute l'Europe.

La Cora est une association fédérée au Parti radical transnational, le premier parti politique ayant reçu la plus haute reconnaissance donnée aux ONG de la part des NU. La dimension transnationale est la seule réponse crédible et donc nécessaire pour gouverner les grands problèmes de notre temps mais l'occultation de la part du pouvoir et des médias des actions et des propositions du parti radical transnational, de ses associations, de l'identité de son leader, Marco Pannella, est sur le point d'atteindre son objectif, la fin de la seule organisation de la nonviolence politique.

Le congrès de la Cora doit et peut donner un signal politique fort contre ce risque de subir la fin de l'expérience radicale et donc aussi pour l'organiser.

Ce Congrès est avant tout le lieu où nous devons débattre et décider des choix et des moyens afin de relancer les campagnes en Europe. C'est là l'enjeu principal du Congrès: identifier les initiatives et les ressources humaines et financières d'ici les prochaines élections européennes en juin 1999. Une échéance politique importante, étant donné qu'elle est déjà inscrite à l'agenda. Ainsi, il est nécessaire et urgent que ce congrès débatte et décide comment saisir cette occasion pour relancer la Cora et surtout pour assurer une plus forte présence des antiprohibitionnistes dans le prochain parlement européen. Sans un nombre adéquat d'inscrits dans différents pays d'Europe, à commencer par la France, nous n'y arriverons pas, malgré les contributions de près d'un millier de membres en 97, et déjà plus de 500 cette année, en majorité italiens, et le travail acharné d'une poignée de militants à qui nous devons de nous réunir ici. Il suffirait déjà qu'une centaine de citoyens français choisissent de s'inscrire imm

édiatement dans ce Congrès pour que le miracle puisse opérer: Construire l'organisation des antiprohibitionnistes européens.

 
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