OTTAWA 10/03 (AFP) = Le ministre canadien des Pêches Brian Tobin a confirmé jeudi l'arraisonnement "réussi" d'un chalutier espagnol dans les eaux internationales des Grands Bancs de Terre Neuve, mettant ainsi fin à des informations contradictoires en provenance de ses propres services.
"J'ai le plaisir de vous informer", a dit M. Tobin au cours d'une conférence de presse, que des navires canadiens ont été "impliqués directement dans l'arraisonnement réussi" du chalutier espagnol Estai.
Les Canadiens ont tiré quatre coups de semonce à la mitrailleuse de 50 mm devant la proue du chalutier avant que celui ci n'obtempère aux ordres des bâtiments canadiens, a indiqué le ministre.
Des officiels armés du ministère canadien des Pêches ont pris le contrôle de l'Estai et le chalutier espagnol, escorté par des bâtiments canadiens, faisait route jeudi soir vers Saint Jean de Terre Neuve où des "accusations appropriées" seront portées contre son capitaine, a dit M. Tobin.
Plus tôt dans l'après midi, le ministère canadien des Pêches avait démenti des informations en provenance de Bruxelles selon lesquelles un navire espagnol avait été arraisonné, indiquant seulement qu'une opération était "en cours".
M. Tobin devait expliquer au cours de sa conférence de presse que "dans l'intérêt des navires, des équipages impliqués, un degré de silence et de sécurité avait été observé pendant que l'opération se déroulait".
Selon lui, la première tentative d'abordage a eu lieu à 12H50 locales (17H50 GMT), lorsqu'un détachement du ministère des Pêches embarqué sur le navire de surveillance Cape Roger a tenté de monter à bord de l'Estai, qui pêchait encore.
L'équipage du chalutier espagnol a jeté par dessus bord les échelles de corde placées par les Canadiens et tranché ses filets avant de prendre la fuite à toute allure, poursuivi par le Cape Roger et deux autres bâtiments canadiens.
Le chalutier espagnol a cependant été rattrapé, encerclé et pris en sandwich par ses poursuivants, a dit M. Tobin.
A 16H08 (21H08 GMT), quatre coups de semonce ont été tirés et l'Estai a arrêté ses machines.
A 16H52 (21H52 GMT), le détachement armé du ministère, assisté d'une escouade tactique de la Gendarmerie royale canadienne (GRC), est monté à bord de l'Estai et a pris le contrôle du bâtiment.
Selon M. Tobin, dix chalutiers espagnols se trouvaient jeudi matin sur la "queue" des Grands Bancs et six sur le "nez". Ces deux hauts fonds sont des prolongements, dans les eaux internationales, du plateau continental nord américain.
Tous avaient quitté la zone en début de soirée, selon M. Tobin. Mais, a t il prévenu, des vols de surveillance auront lieu pendant la nuit et "si les chalutiers espagnols continuent de pêcher sur le plateau continental canadien, la mission que nous avons entrepris aujourd'hui reprendra demain" (vendredi).
"Nous ne pouvions continuer le dialogue ou les négociations avec l'Union européenne pour tenter de résoudre le net différend entre nous sur les stocks (de poissons) chevauchant (la limite des eaux territoriales canadiennes) tant que la pêche continuerait", a encore indiqué le ministre canadien.
Le contentieux entre Ottawa et Bruxelles sur la pêche au turbot a commencé en février, lorsque l'Organisation des pêches dans l'Atlantique du nord ouest (OPANO) a décidé de diminuer de façon drastique le quota de turbot alloué pour 1995 et d'allouer 60 pour cent des prises au Canada, contre seulement 12% à l'Union européenne.