AFP 15/3/1995
OTTAWA, 15 mars (AFP) Cinq bateaux de pêche espagnols se trouvaient mardi soir à proximité immédiate des Grands Bancs de Terre Neuve, où le chalutier Estai a été arraisonné jeudi en haute mer par des bâtiments canadiens, a affirmé le ministre canadien des Pêches Brian Tobin.
Ces chalutiers, a t il précisé à la sortie de la Chambre des Communes d'Ottawa, se sont remis à pêcher juste à l'extérieur du "nez" des Grands Bancs, un haut fond situé hors de la zone de 200 milles nautiques du Canada.
"Je ne crois pas qu'ils aient franchi la limite du 'nez'" des Grands Bancs, a t il ajouté.
Le gouvernement canadien, a t il prévenu, prendra "les mesures qui s'imposent" si la flotte espagnole recommence à pêcher dans les Grands Bancs, y compris en procédant à d'éventuels arraisonnements supplémentaires.
Plus tôt dans la journée, à l'issue de la réunion de cabinet hebdomadaire, M. Tobin avait qualifié de "quelque peu provocante" le fait que des chalutiers espagnols aient recommencé à pêcher dans ce secteur.
D'autre part, selon M. Tobin, des inspecteurs du ministère canadien des Pêches ont trouvé deux livres de bord différents à bord de l'Estai, immobilisé depuis dimanche dans le port de Saint Jean.
"Ils ont trouvé deux livres de bord, l'un et l'autre donnant des chiffres (de prises) très différents", a indiqué le ministre. "Les deux ne correspondent pas".
Selon M. Tobin, l'un des livres de bord semblait être destiné aux inspecteurs de l'Organisation des pêches dans l'Atlantique du nord ouest (OPANO), l'autre étant l'exemplaire personnel du capitaine.
"On conserve deux livres de bord pour que l'un garde une trace de ce qu'on fait réellement tandis que l'autre indique ce qu'on veut bien dire publiquement", a affirmé M. Tobin.
Le ministre canadien des Affaires étrangères André Ouellet, jusqu'ici plutôt discret, a pour sa part déclaré aux Communes que le Canada "souhaite protéger les ressources (halieutiques) qui sont menacées par la sur pêche". "Le gouvernement canadien ne manquera pas à son devoir", a t il conclu.
La cour provinciale de Terre Neuve a jugé mardi que le capitaine de l'Estai Enrique Davila Gonzalez et les 25 membres de l'équipage étaient libres de retourner immédiatement en Espagne.
Le chalutier demeurera cependant pour l'instant sous le contrôle des autorités canadiennes.