STRASBOURG L'Union européenne ne négociera pas avec le Canada tant que ce dernier n'aura pas libéré le bateau espagnol Estai arraisonné le 9 mars dernier par la marine canadienne, a annoncé mercredi le Commissaire européen à la pêche, Mme Emma Bonino.
"Un retour à la normalité implique la libération du navire espagnol et de son équipage et la suppression de la loi canadienne du 3 mars" autorisant la marine canadienne à intervenir dans les eaux internationales, a affirmé Mme Bonino devant la session plénière du Parlement européen à Strasbourg.
Tant que ces conditions ne seront pas remplies, a ajouté Mme Bonino, il ne sera pas possible de négocier avec les autorités canadiennes. Elle a ajouté que l'Union européenne ne pouvait pas "répondre aux demandes" des Canadiens concernant la libération du chalutier espagnol, sans préciser quelle était la nature de ces conditions.
Les autorités judiciaires canadiennes avaient accepté mardi soir de libérer le capitaine du chalutier ainsi que les 25 membres d'équipage mais ont décidé de garder le bateau et sa cargaison.
"Il faut convaincre nos partenaires de revenir à la légalité", a encore souligné le Commissaire qui réitère la menace de l'Union de recourir à des sanctions tant politiques qu'économiques contre le Canada.
Parallèlement, la Commission maintient cependant son invitation aux autorités canadiennes de revenir à la table de négociation.
Selon Mme Bonino, l'OPANO, organisation des pêches dans l'Atlantique nord, doit se réunir une nouvelle fois du 22 au 24 mars à Bruxelles, à la demande de l'Union européenne et de la Pologne.
Le Commissaire a précisé que l'accord de fin janvier au sein de l'OPANO sur la répartition des quotas de capture de turbot (flétan noir) dans la zone des Grands Bancs de Terre Neuve, n'était plus applicable à partir du moment où l'une des parties, en l'occurence l'Union européenne, a contesté cette répartition.
La marine canadienne a agi en toute illégalité, a confirmé Mme Bonino, en arraisonnant le chalutier espagnol dans les eaux internationales.
"Les Canadiens ont empêché que les choses se passent sereinement", a t elle précisé. Elle a également accusé les autorités canadiennes de s'être livrées à une campagne de désinformation en accusant les navires des Etats membres de l'Union européenne de menacer les stocks de flétan noir dans l'Atlantique nord.
L'Union européenne tient particulièrement à une bonne gestion et à la conservation des ressources halieutiques, a rappelé Mme Bonino devant les euro députés.
Enfin, le Commissaire a laissé entendre que le but recherché par les Canadiens dans cette affaire était d'étendre la zone d'exclusivité des pêcheurs canadiens au delà des 200 milles, ce qui pourrait représenter un bénéfice pour la flotte canadienne de quelque 10 millions d'écus (12 millions d'USD).