BELGA 20/3/1995

BRUXELLES - Le Canada ayant refusé d'y participer, la réunion de l'Organisation des pêcheries de l'Atlantique Nord (OPANO) souhaitée par l'Union européenne n'aura pas lieu comme prévu de mercredi à vendredi à Bruxelles, a indiqué lundi un porte parole de la Commission européenne.

L'UE avait demandé la convocation d'une réunion extraordinaire de l'OPANO pour tenter de trouver une issue à la crise euro canadienne sur les quotas de pêche de turbot (flétan noir) sur les Grands Bancs de Terre Neuve. Ce conflit avait entraîné le 9 mars dernier l'arraisonnement par les Canadiens dans les eaux internationales d'un chalutier espagnol, l'"Estai", libéré contre caution le 15 mars.

Mais Ottawa a réclamé vendredi dernier un report de cette réunion, et selon des sources communautaires, d'autres pays, notamment la Russie et la Corée du sud, auraient abondé dans son sens. Les Canadiens n'ont pas proposé d'autre date.

Les discussions préliminaires de la semaine dernière entre experts canadiens et européens n'avaient pas donné de résultats tangibles. Elles se sont interrompues vendredi soir et aucune date n'a été fixée pour leur reprise, a précisé le porte parole de l'exécutif européen.

La Commission souhaite régler ce problème dans le cadre multilatéral de l'OPANO. Celle ci compte 15 membres: le Canada, la Bulgarie, la Corée, Cuba, le Danemark (pour les îles Féroë et le Groënland), l'Estonie, l'Islande, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la Roumanie, la Russie et l'Union Européenne.

L'UE reproche notamment au Canada d'avoir étendu dans les faits ses eaux territoriales au delà des 200 miles légaux, en adoptant le 3 mars dernier une loi lui permettant d'arraisonner dans les eaux internationales des chalutiers accusés de ne pas respecter son moratoire unilatéral de 60 jours sur la pêche au turbot.

Le différend entre Canadiens et Européens porte sur la répartition du total admissible de capture (TAC) de 27.000 tonnes de turbot fixé en janvier par l'OPANO pour 1995.

L'UE revendique notamment une part plus importante du gâteau que les 3.400 tonnes qui lui ont été accordées, qu'elle juge largement insuffisantes dès lors que les Canadiens peuvent pêcher eux mêmes plus de 16.000 tonnes. Les années précédentes, les pêcheurs des Etats membres de l'UE, notamment espagnols, pêchaient plus de 40.000 tonnes de turbot sur un total de 60.000.