(AFP) Bruxelles, 23 fév - L'Union européenne est le principal donateur d'aide humanitaire et cela se sait peut, a déploré jeudi à Bruxelles le commissaire européen chargé de ce dossier, l'Italienne Emma Bonino.
"Entre 1991 et 1994, l'aide humanitaire accordée par l'Union européenne est passée de 110 à 764 millions d'écus (139 à 964 millions de dollars), soit une multiplication par sept environ", a-t-elle souligné au cours d'une conférence de presse.
L'action de l'Union européenne s'est déroulée dans 63 pays sur 4 continents en 1994, a-t-elle précisé. Les principaux bénéficiaires ont été les pays africains (42,4 pc de ces financements, essetiellement le Rwanda et le Burundi), l'ex-Yougoslavie (35,3 pc des aides contre 65,4 pc en 1993) et les pays de l'ex-Urss (11,9 pc), a-t-elle ajouté.
"L'explosion des montants de l'aide humanitaire est due à l'augmentation du nombre des crises provoquées par l'homme depuis la chute du Mur de Berlin", a expliqué Mme Bonino. "Mais l'aide humanitaire ne peut en aucun cas être un alibi pour l'inaction politique", a-t-elle ajouté. "Ces chiffres prouvent la nécessité d'agir préventivement, car ni l'Union européenne, ni personne ne pourra résoudre les crises. Il est donc impératif que l'Union européenne se dote rapidement d'une politique étrangère et de sécurité commune (PESC)", a-t-elle déclaré.
Mme Bonino s'est inquiétée à cette occasion du refus de certains Etats membres, notament le Royaume Uni et l'Allemagne, d'augmenter les ressources du Fonds Européen au Développement (FED) destiné aux pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique liés à l'Union européenne par la Convention de Lomé.
"Ma crainte est que l'on veuille diminuer les contributions nationales au budget communautaire pour l'aide au développement", a-t-elle déclaré. "Or, pour le moment, tout démontre que l'aide communautaire est plus efficace que l'aide bilatérale", a-t-elle ajouté.
La coordination des aides humanitaire accordées par l'Union européenne est assurée depuis 1991 par l'Office Humanitaire de la Communauté Européenne (ECHO) et des accords de partenariat ont été conclus avec les organisations non gouvernamentales (ONG) et les agences des Nations Unies chargées de la répartir.
"la destination des fonds est toujours controlée", a assuré Mme Bonino. Le commissaire européen a réfuté les accusations de "bureaucratisme" portées contre ECHO. "Il faut éviter d'agir trop vite, de financer des partenaires pas à la hauter", a-t-elle souligné.
Mme Bonino, s'appuyant sur les résultat d'une enquête sur l'impact d'ECHO, a déploré que près de 80 pc des personnes interrogées ignorent ce qu'est cet organisme, alors que plus de 72 pc préconisent la poursuite des actions humanitaires de l'Union européenne.
La Commission européenne entend donc consacrer 1 pc du montant du budget consacré à l'action humanitaire pour informer de ces actions les citoyens de l'Union européenne, a announcé Mme Bonino. "Il faut réaliser que certaines agences des Nations Unies consacrent près de 20 pc de leurs fonds à la promotion de leurs actions et qu'une partie de cet argent provient des financements accordés par l'Union européenne".