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Archivio Emma Bonino commissario UE
France Echo-Peche - 1 marzo 1995
REDONNER UN POIDS POLITIQUE A LA PECHE
Emma Bonino, Commissaire européen à la pêche

(senza indicazione d'autore)

FRANCE-ECO-PECHE - Mars 1995

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SOMMARIO. Durante l'intervista, Emma Bonino può esporre i suoi punti di vista sulle questioni ricadenti sotto il Commissario alla Pesca dell'Ue. Fa rilevare l'importanza del settore, che dovrà acquisire un maggior peso politico nella gestione degli affari europei, e contemporaneamente prendere coscienza di essere un settore in "crisi strutturale". Nega che il Canadà possa proclamarsi unico difensore degli equilibri ecologici e delle risorse. E' probabile che si debba ricorrere ad una riduzione dell'attività di pesca, ma non vi sono altre soluzioni possibili. Ogni soluzione dovrà essere comunque discussa con gli interessati. Analizza infine i problemi del mercato-pesca nella prospettiva europea e mondiale.

"Je ne suis pas là pour emmerder les gens, j'ai autre chose à faire. Je veux me rendre utile". Assurément, Emma Bonino, ne laissera pas indifférent. Cette Italienne de 48 ans, nouvelle Commissaire à la pêche depuis la fin janvier, mais également en charge de l'aide humanitaire et de la politique des consommateurs, a son franc-parler et n'a que peu de goût pour le protocole. On s'en apercevra vite autour de la table du Conseil. Battante, elle a réussi son premier examen de passage auprès des professionnels français (lire par ailleurs). Son ambition: redonner un poids politique à un secteur qu'elle juge trop isolé du reste de la politique communautaire.

La politique de la pêche, c'est beaucoup de soucis pour un Commissaire. Le pressentez-vous déjà ?

Emma Bonino : "C'est un peu tôt, non ? Mais c'est effectivement ainsi que j'ai été prévenu, on m'a dit: la pêche, c'est un vrai calvaire. D'ailleurs, quand il a fallu redistribuer les compétences des Commissaires après le non des Norvégiens, personne n'a montré un enthousiasme particulier pour ce portefeuille. J'en ai hérité et j'en suis ravie. Plus tard, ce sera peut-être un calvaire pour moi aussi mais, pour l'instant, c'est un dossier qui me passionne. En tous cas, c'est le dossier qui absorbe le plus clair de mon temps depuis ma nomination".

Vous arrivez donc sans idées préconçues. Quelle est, aujourd'hui, votre vision du secteur ?

Emma Bonino : "Il me semble que c'est un secteur qui prend désormais conscience que la crise qui le frappe est une crise profonde et structurelle. Très longtemps, il a été possible d'ignorer ou de mésestimer la dimension des problèmes. Aujourd'hui, c'est différent, on sait que les aides distillées, année après année, pour supporter le secteur, ne changeront pas les données fondamentales de cette crise. C'est sur l'avenir de la pêche à long terme qu'il faut consacrer nos efforts car, malheureusement, nous ne pourrons éviter une période de transition, une période de mutation qui sera difficile pour le secteur".

Ce n'est pas très réjouissant ...

Emma Bonino : " Je n'ai pas été nommée pour raconter des salades aux pêcheurs. A contrario, je ne suis pas le Messie, je n'arrive pas non plus avec LA solution. S'il y en avait une, vous croyez que l'on m'aurait attendue ? Par contre, l'Union européenne a un devoir et ce devoir je veillerai à ce qu'on l'accomplisse pleinement, c'est de rendre cette période de transition la plus supportable possible. Ce sera une grosse partie de mon boulot et j'y mettrai toute mon énergie. Sur cet aspect, vous pouvez me faire confiance".

Quand les pêcheurs entendent Bruxelles vouloir les aider, ils comprennent que c'est pour mieux les faire disparaître. Votre réaction ?

Emma Bonino : "Si on m'avait présenté l'objectif de mon mandat de cette façon, vous croyez que j'aurais accepté le job ? Je suis certaine, au contraire, que la pêche est une composante importante de l'économie et du paysage social de plusieurs pays membres. Elle affronte simplement une crise à laquelle il nous incombe de trouver des solutions. La disparition du secteur n'en est pas une que je sache ! S'adapter n'est pas disparaître. Maintenant, sans jouer les Cassandre, je n'évoquerai pas non plus un avenir radieux ..."

On dit de vous que vous êtes très "politique". Or, la pêche est un portefeuille très technique. Y a-t-il contradiction ?

Emma Bonino : "Je crois beaucoup à la primauté de la politique. Au sens le plus noble du terme. C'est vrai dans beaucoup de domaines, c'est vrai également pour la pêche. Quant à une éventuelle contradiction avec les aspects techniques du dossier, je ne la vois pas. A la fin de la journée, quand les experts ont fait leur travail, il y a toujours une décision politique à prendre, un choix à faire. C' est la primauté de ce choix que je veux réhabiliter pour la pêche. De même, mon ambition est que la pêche, qui souffre à mon avis d'une trop grande sectorialisation, soit mieux prise en compte par l'Union européenne dans le cadre des négociations internationales. En clair, quand on parle poisson avec un pays, il n'est pas inutile, par exemple, de parler tomate en même temps. Pour cela, il faudra auparavant que la profession s'unisse au niveau communautaire et qu'elle définisse des priorités communes avant de penser à ses intérêts nationaux particuliers".

Les négociations actuelles avec le Canada pour les zones Nafo constituent pour vous une première sortie. Vous ne vous êtes pas fait des amis ...

Emma Bonino : "Les Canadiens tentent de se faire les champions de la conservation de la ressource. Mais ils ne sont pas les seuls, nous y sommes tout aussi attachés : un Tac de flétan noir de 27000 tonnes a été décidé et je rappelle qu'il n'est pas contesté. Le problème réside par contre dans la répartition de ce Tac entre les pays exploitant la zone Nafo. la proposition qui a été votée est totalement inacceptable de notre point de vue. En nous laissant un quota ridicule, les Canadiens ont clairement démontré que leur seule motivation est de chasser les bateux de l'Union. Or nous avons, dans ces eaux, des droits à faire valoir. Fallait-il se laisser faire encore une fois et permettre aux Canadiens de vendre des quotas qu'ils n'ont pas la capacité de pêcher ? J'ai pensé que cela suffisait et c'est pourquoi la procédure d'objection a été proposée au Conseil et qu'elle a été retenue. Concrètement, cela veut dire que notre quota sera celui que nous avons proposé lors des négoctiations, soit 69% du Tac, au niveau

de nos droits historiques".

Pour revenir aux axes principaux de la Politique commune, la diminution de la capacité de capture de la flotte constituera-t-elle une de vos priorités ?

Emma Bonino : "Tout d' abord, on ne diminue pas la capacité de la flotte pour le plaisir de la diminuer. C'est pour l'adapter à l'état de la ressource que nous pensons que cela est nécessaire. Mais si quelqu'un a une meilleure idée, je veux bien l'entendre tout de suite. Pareil pour les systèmes de gestion de la ressource: je ne fonde pas de religion sur tel ou tel mécanisme, ce qui m'importe c'est l'efficacité de cette gestion. Une de mes priorités sera donc de dialoguer avec les professionnels, de connaître leurs avis mais surtout d'entrendre leurs idées, les alternatives qu'ils proposent. Si leurs propositions sont meilleurs que les nôtres, je m'engage à les appliquer. Maintenant, Tac, quotas, jours de pêche, ou autre chose encore, tout cela ne pourra fonctionner que si tout cela est contrôlé. Et contrôlé sérieusement, j'y tiens. Sinon, pas la peine de perdre du temps "!

L'été dernier, la "guerre" du filet dérivant entre Français et Espagnols faisait la une des journaux. Vous y éties vous intéressée?

Emma Bonino : "Sincèrement ? Pas le moins du monde ! J'ai lu ça comme tout le monde mais j'étais à cent lieues de penser que ce problème allait me tomber sur le coin du nez quelques mois plus tard! Depuis, je me suis informée, rassurez-vous ... et je pense que la proposition de la Commission, qui préconise un arrêt progressif de cette technique, est une bonne proposition. Si le filet dérivant devait être pérennisé, je ne vois pas comment, dans les conditions actuelles, on pourrait en interdire l'accès à d'autres communautés de pêcheurs et je pense, contrairement à ce qui a pu être dit, que les pêcheurs espagnols ne seraient pas très long à en maîtriser parfaitement la technique. A partir de cet instant, je suis persuadée que l'on ne pourrait plus garantir une bonne gestion de cette ressource".

Les considérations écologiques qui entourent cette technique ne pèsent-elles pas aussi ?

Emma Bonino : "Gérer la ressource, c'est de l'écologie. Conserver la ressource, ce n'est pas faire des sanctuaires partout, c'est faire en sorte que la bonne gestion des captures préserve l'avenir des pêcheurs. Pour le reste, à chacun ses combats. Je les respecte tous. Mais, moi, ma priorité c'est l'homme".

Quelles seront donc les suites prévisibles de cet épineux dossier?

Emma Bonino : "Il est sur la table du Conseil. Mais je ne pense pas qu'il soit de l'intérêt de la France de le faire évoluer sous sa Présidence. Rien au Conseil d'avril, donc. Rien non plus en juin, probablement. Après, ce sera au tour des Espagnols de prendre la Présidence. Nous verrons bien. Quant à moi, j'aimerais que les professionnels, français et espagnols, qui sont les premiers concernés par cette affaire, soient écoutés. Et surtout, qu'il s'écoutent les uns, les autres. J' envisage donc d'organiser un séminaire entre pêcheurs. Avec un thème précis : messieurs les pêcheurs, trouvez une solution entre vous et je l'adopterai. Sinon, vous devrez admettre que quelqu'un doit trancher, ce dossier ne peut être bloqué indéfiniment. En attendant, je veillerai à ce que la réglementation actuelle de 2,5 km soit respectée. S'il le faut, en armant un bateau communautaire qui sera sur zone pour s'assurer de l'efficacité du contrôle. On évitera ainsi que les critiques émises l'an dernier à ce sujet ne viennent pourr

ir une situation déjà suffisamment tendue".

Autre dossier, autre attente : le marché. Doit-on espérér quelque chose de Bruxelles?

Emma Bonino :"Il faut tout d'abord bien utiliser les outils dont nous disposons avant de parler de réforme. Notre marge de manoeuvre est étroite sur ce volet, d'une part parce que l'Union est fortement demandeuse de produits, d'autre part parce que le poisson obéit comme n'importe quel autre produit aux règles du commerce international. Prétendre l'en soustraire pour protéger notre marché est impossible. Je sais que l'on a beaucoup parlé de la notion de préférence communautaire. Permettez-moi d'avoir quelques doutes sur la réalité de cette notion. Par contre, puisque nous imposons à nos propres entreprises et aux produits communautaires toute une série de normes contraignantes, il me semble que le minimum serait de les faire respecter tout aussi strictement par les produits importés. Il reste à le faire comprendre aux Etats membres".

 
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