Le Marin - 10 mars 1995

Emma Bonino, la nouvelle commissaire européenne des pêches, a rencontré le bureau du CNPM le jeudi 2 mars à Rennes. Cette première prise de contact semble avoir été fructueuse pour les deux parties, les professionnels se disant <> et rassurés par les déclarations de la nouvelle "patronne.

Volubile, tonique,, pleine de "peps" et de charme... Emma Bonino, la nouvelle commissaire européenne des pêche (elle iniste sur le "la") a enchanté les professionnels français qu'elle a rencontré le jeudi 2 du mars à Rennes. Cette première prise de contact s'est déroulée en l'absence d'un représentant du ministère. Curieux. Et dommage. Un déplacement sur le terrain du "patron" (de la patronne en l'occurence) des pêches européennes est chose suffisamment rare pour ne pas la rater.

Les professionnels présents (le bureau du CNPM) n'ont pas, eux, regretté le déplacement. Certes, le dialogue, n'a pas permis d'étudier en profondeur tous les dossier chauds du moment. Mais le professionnels ont pu discuter à bâtons rompus avec Emma Bonino. Ce que ne leur permet pas toujours le cadre très stricte d'un conseil pêche.

<> Même satisfaction du côte de la Coppération maritime, représentée par son président Maurice Benoish: <> Un "parler-vrai" qui, apparemment, a plu.

Emma Bonino, c'est sûr, est une femme de conviction. Cette piémontaise de 48 ans, qui parle couramment français, a milité pour bien des causes depuis son entrée en politique, a l'âge de 28 ans. Européenne convaincue, elle sait que la machine communautaire peut parfois broyer les hommes. Mais elle affirme que le respect de règles parfois contraignantes ne doit pas empêcher de rêver.>> Ce qu'elle fait en imaginant une Europe où l'homme n'est pas seulement une machine, ou un porte-feuille...

Cette vison quelqe peu idéaliste de l'UE, trop souvent contredite par les faits, n'empêche pas Emma Bonino de voluir aborder les problèmes concrètement. A Rennes, elle a livré un début de message. Elle veut redonner une force politique à la pêche européenne, trop marginalisée à son goût ces dernières années. La pêche doit peser sur certaines décision et, malgré son faible poids économique et social, faire entendre sa voix au cors, par exemple, de négociations globales avec les pays tiers.

PARTISAN DU DIALOGUE

Emma Bonino est une aussi une farouche partisan du dialogue. <> souligne Marco Zatterin son porte-parole. Pour éviter des malentendus bien souvent préjudiciables, la commissaire européenne entend promuovir des séminaires interrégionaux au niveau européens courant 1995. Et pour montrer que dialoguer n'est pas un vait mot, elle souhaite affréter lors de la prochaine campagne de thon blanc au navire, sous pavillon européen, pour coordonner les contrôles réalisés par les autorités espagnoles et françaises.

Elle a d'ailleurs annoncé à Rennes qu'elle embarquerait au moins une fois sur ce bateau, fin juin début juillet. Reste à trouver le budget (les deux gouvernements pourraient éventuellement y participer). <> explique Marco Zatterin.

Y.B.

TEMP TE DANS UN VERRE D'EAU

Emma Bonino a causé une grosse émotion au ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Lors de sa visite à Rennes, elle s'est étonnée que les services de Jean Puech n'aient pas averti' la Commission de Bruxelles de la teneur du plan présenté par le ministre le jeudi 16 février. Comme il est d'usage, tout Etat membre adoptant un plan doit le présenter à Bruxelles pour le faire valider. Paris conteste la version du Commissaire européen. Rue de Varenne, on affirme qu'une délégation de la direction des Pêches s'est rendue deux jours après l'annonce à la DG XIV pour présenter les propositions ministérielles et qu'un courrier est parti peu de temps après. Joint par nos soins le lundi 6 mars dans la matinée, le porte-parole d'Emma Bonino affirmait n'avoir ancore rien reçu. Apparemment, le courrier entre Paris et Bruxelles marche mal. Ce n'est pas trop grave car cette polémique n'est en fait qu'une tempête dans un verre d'eau. Si les autorités française avaient daigné se rendre à la rencontre d'Emma Bonino le 2

mars à Rennes, comme ils y étaiente invités, l'incident se serait sans doute réglé en deux temps trois mouvements...