DECLARATION DE Mme. BONINO SUITE A L'ARRAISONNEMENT D'UN NAVIRE DE PECHE DE L'UNION DANS LES EAUX INTERNATIONALES DE LA NAFO.IP/95/234
Bruxelles, le 11 mars 1995
SERVICE DU PORTE-PAROLE
"Je m'insurge contre cet arraisonnement et les actes de violence qui l'ont caractérisé et je continue à considérer que ceci constitue un acte de piraterie organisé", a déclaré Mme. Bonino, Commissaire chargée de la "Pêche".
"J'ai déjà clairement indiqué aux autorités canadiennes que je refusais d'entrer dans une logique agressive et déloyale."
D'un autre coté, Mme. Bonino confirme que face à la gravité de ces événements "l'Union examinera ses relations avec le Canada et étudiera toutes les mesures opportunes, sans en exclure aucune".
Par ailleurs, Mme. Bonino renouvelle son appel solennel au Canada pour qu'il réintègre le plus rapidement possible le cadre du Droit international, cadre duquel le Canada est sorti avec l'arraisonnement de ce navire. Ceci implique que préalablement à tous contacts entre les deux Parties, les autorités canadiennes procèdent à la libération immédiate du navire de pêche communautaire illégalement retenu.
"Il nous appartient de gérer des ressources de pêche de la manière la plus rationnelle et responsable possible", souligne Mme. Bonino. Les autorités publiques chargées de la mise en oeuvre des politiques de conservation des ressources de pêche n'ont pas le droit à l'erreur et toutes les erreurs commises par des autorités publiques sont de nature à vider de toute crédibilité les efforts de conservation des ressources de pêche.
De son coté, l'Union européenne accepte de limiter les captures de flétan noir dans la zone NAFO, à 27 000 tonnes pour 1995, et ceci en plein accord avec l'ensemble des partenaires de la NAFO. La procédure d'objection présentée par la Communauté européenne, conformément aux dispositions de la Convention NAFO, ne remet en cause que la part qui lui a été attribuée, sans que cela affecte cette limitation globale de 27 000 tonnes. Pour mémoire, cette procédure à été utilisée à plusieurs reprises par différentes Parties Contractantes de la NAFO.
De l'autre coté, le Canada a utilisé l'arme de la "mésinformation" ce qui rend le débat difficile. L'effondrement des stocks qui a affecté les pêches canadiennes ne saurait être imputé aux pêcheurs de la Communauté comme en témoigne une lecture complête et objective des rapports scientifiques internationaux. A titre d'exemple, les stocks de cabillaud qui se pêchent dans le Golfe du St. Laurent ou au sud de Terre Neuve, n'ont fait l'objet d'aucune capture par des pêcheurs espagnols ou portugais. Par ailleurs, le flétan noir s'appelle "greenland halibut et non pas "canadian halibut", et il est bon de rappeler que cette espèce évolue dans tout l'Atlantique nord, du Canada à la Norvège, dans des eaux profondes (jusqu'à 1 500 mètres) qui ne correspondent pas aux pratiques traditionnelles de pêche des canadiens.